L’emploi serait solide, conforté. Les salaires connaîtraient des hausses notables et le pouvoir d’achat se porterait de mieux en mieux. Le chômage poursuivrait sa trajectoire de baisse, la nouvelle structure France Travail accompagnerait mieux les chômeurs. La présence de services publics sur le territoire se serait largement améliorée grâce au développement des Maisons de services… Reste qu’au vu de diverses études, la réalité est loin de cette version rose bonbon servie par l’exécutif. Le marché du travail est à l’image de la croissance : fragile. Les hausses de salaire, modérées et variables selon les secteurs, marquent un recul en 2024. Et cela menace de se reproduire en 2025. Par ailleurs, celles enregistrées les années précédentes sont loin d’avoir compensé intégralement les pertes dues à l’inflation forte. Les chiffres du chômage soulignent entre autres, eux, une situation de précarité des emplois qui perdure. La structure France Travail, remplaçant Pôle emploi, mais sans plus de moyens, est quant à elle sous le feu des critiques. Concernant les espaces France Services, dont l’essor est salué par la Cour des comptes, ils peinent par leur offre à faire oublier qu’ils tentent de pallier la destruction des implantations de services de proximité et de pleine compétence sur le territoire depuis une vingtaine d’années. Retour sur ces sujets majeurs que FO met sans cesse dans la lumière par ses revendications.
Alors que la croissance de la France se révèle moins soutenue qu’annoncée (la hausse du PIB ayant été réajustée à + 0,2 % au deuxième trimestre 2024), l’emploi intérimaire continue de reculer dans le secteur privé. Et ce n’est pas une bonne nouvelle pour les spécialistes, l’emploi intérimaire étant considéré comme un indicateur avancé de l’état de santé du marché du travail. Ce fléchissement n’est certes pas une nouveauté : l’emploi intérimaire (contrats de travail temporaire et CDI intérimaires) baisse depuis janvier 2023. Sauf que ce recul s’accélère. Au printemps 2024, le nombre d’intérimaires a diminué nettement (- 2,2 %). Cela correspond à la suppression de 16 200 emplois sur la période, après la suppression de 3 900 emplois au trimestre précédent. Sur un an, la baisse atteint 6,4 %, soit 50 400 emplois en moins et cela dans l’ensemble des secteurs, indiquent les statisticiens du ministère du Travail dans leur note. Ainsi, l’industrie a enregistré une baisse de 3,1 % de l’emploi intérimaire au deuxième trimestre 2024, la construction de 3 % et le secteur tertiaire de 1,2 %. Logiquement, cette situation a eu des effets sur l’emploi salarié privé. Il a légèrement baissé, de – 0,1 %, au deuxième trimestre 2024. Ce qui correspond à la perte de 28 500 emplois et reflète une détérioration.
Malgré le fléchissement de l’emploi, l’austérité annoncée des dépenses pour le soutenir
Sans compter que les mauvaises nouvelles sont tombées dru cet été. La liquidation judiciaire du distributeur de prospectus publicitaires Milee (ex-Adrexo, 5 000 salariés), la finalisation du plan social du distributeur Casino (2 029 suppressions de postes dans les magasins non cédés et 740 dans la filiale logistique Easydis), ou encore l’annonce d’un plan social chez Lapeyre (200 suppressions d’emplois), pour ne citer qu’eux.
Malgré cette croissance faiblarde et le fléchissement de l’emploi salarié privé, la « lettre plafond » envoyée le 20 août par le Premier ministre démissionnaire au ministre du Travail, également démissionnaire, impose à celui-ci un sacré coup de rabot dans ses crédits 2025. Pas moins de 3 milliards d’euros devraient être économisés dans la mission « Travail et emploi », laquelle était dotée de 22 milliards dans le budget 2024. Ces économies concerneraient en priorité les aides à la formation, l’apprentissage et la réforme France Travail. Elles restent évidemment suspendues aux arbitrages du nouveau Premier ministre. À l’heure où nous bouclons, ils ne sont pas connus.