En Champagne, les vendanges 2023 avaient été marquées par plusieurs décès de saisonniers et de graves atteintes aux conditions de travail et d’hébergement. Soucieuse de lutter contre les dérives et de redorer son image, la profession a présenté le 20 juin un plan d’action soutenu par le syndicat FO.
Les vendanges 2023 avaient ébranlé le monde du champagne avec cinq décès de saisonniers, la fermeture préfectorale d’hébergements jugés insalubres et indignes, et l’ouverture par la justice de deux enquêtes pour traite d’êtres humains. Dans la majorité des maisons, il n’y a pas de souci, mais une très petite minorité d’intervenants salit toute la profession, déplore Stéphane Levasseur, secrétaire général de FO-Champagne.
À la fin de l’été, 100 000 saisonniers, souvent étrangers, sont de nouveau attendus pour vendanger à la main les 34 000 hectares de vignes. Soucieux d’assainir la situation mais aussi de redorer son image, le Comité champagne, qui représente l’interprofession, a dévoilé un plan d’action le 20 juin. Ces mesures sont le fruit de plusieurs mois de travaux associant toutes les parties prenantes : syndicats (dont FO), services de l’État, inspection du travail, MSA…
Lutter contre les mauvais prestataires
Ce plan contient entre autres la diffusion de guides rappelant la législation, les bonnes pratiques et les droits des saisonniers. Une cellule de suivi quotidien sera mise en place durant les vendanges. La profession a aussi décidé de s’attaquer à la problématique des prestataires de services, qui recrutent, nourrissent et hébergent désormais la moitié des vendangeurs. Le problème, ce sont les sociétés champignon qui se créent uniquement pour les vendanges et qui profitent de la misère des saisonniers pour les exploiter, explique Mélanie Matoux, déléguée FO à la maison de champagne Burtin.
Pour tenter d’en finir avec ces mauvais prestataires, les sociétés ont été incitées à se structurer au sein d’un syndicat patronal. Une plateforme numérique leur permet aussi de se référencer et de s’engager dans un respect de bonnes pratiques. Les contrôles, par l’inspection du travail et la gendarmerie, seront renforcés. Ce plan d’action convient globalement à Stéphane Levasseur, qui aimerait cependant des avancées en matière d’hébergement.
Pour Éric Becker, référent saisonnier national pour FO, une charte de bonne conduite sans obligations à la clé pour les mauvais éléments ne changera rien, d’autant qu’il n’y a plus d’inspecteurs du travail spécialisés, estime-t-il. Il y aura peut-être un sursaut, mais pour combien de temps ?.