Depuis le 19 mars et jusqu’au 28 juin, le groupement départemental FO Santé de l’Aude organise la « Marche des Ehpad », qui consiste à porter la « flamme syndicale » dans onze établissements publics pour alerter sur le manque criant de moyens. FO exige en premier lieu des embauches pour endiguer la dégradation des conditions de travail des soignants et par ricochet la détérioration de la prise en charge des résidents.
En cette année olympique, les militants FO Santé d’Occitanie ont eu l’idée d’organiser un relai de la flamme syndicale entre différents établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) publics, afin de dénoncer le manque criant de moyens. La première étape se déroule dans l’Aude.
Pour les personnels des Ehpad, les JO ce n’est pas une fois tous les quatre ans mais tous les jours. Ils courent au sens propre du terme comme au figuré, en courant après le temps. Et aujourd’hui, la coupe est plus que pleine, elle déborde, explique Yannick Bonnafous, secrétaire général du groupement départemental FO Santé et secrétaire adjoint de l’UD de l’Aude.
A l’origine, l’idée était de rallier à pied les quinze Ehpad hospitaliers du département. Mais parcourir ces 520 kilomètres aurait demandé beaucoup de temps. Le choix a donc été fait d’organiser un rassemblement devant onze établissements, les plus accessibles, en conviant les personnels, les résidents et leurs familles ainsi que les élus locaux à y participer. L’opération a démarré le 19 mars devant l’hôpital de Lézignan-Corbières et s’achèvera le 28 juin à Carcassonne, à l’Ehpad Les rives d’Ode.
A chaque étape, les militants font connaître les revendications de FO, en premier lieu des embauches. Confrontés à un sous-effectif chronique, les agents ont le sentiment de mal travailler et ils sont épuisés. Les arrêts maladie se multiplient, renforçant la charge de travail pour ceux qui restent. Il manque chaque jour 10 à 15 % du personnel, c’est insoluble, estime Yannick Bonnafous.
La solitude 23 heures sur 24 pour les patients
La fédération FO Santé revendique au niveau national la création de 200 000 postes dans le versant hospitalier de la Fonction publique, ce qui comprend la création supplémentaire de 4 à 5 postes par Ehpad – pour simplement rattraper le retard précise le militant. Nous voulons que le ratio d’un soignant pour un résident, promis il y a 20 ans lors de la création de la Journée de solidarité, soit enfin atteint. Ce ratio était de 0.8 il y a quelques années. Aujourd’hui, nous sommes au mieux à 0.6, en prenant en compte non seulement les soignants mais tous les personnels, y compris en cuisine ou au secrétariat, déplore Yannick Bonnafous, qui exige un plan de financement pour le secteur des personnes âgées.
Cette situation de plus en plus dégradée a des répercussions sur la qualité des soins et de prise en charge des usagers. C’est l’usine, les agents ont quelques minutes pour laver le résident, faire son lit et le faire manger. S’ils passent plus de temps avec une personne, c’est moins de temps pour les autres. Selon les chiffres du ministère, les résidents voient au mieux le personnel une heure par jour, ce qui signifie qu’ils restent seuls 23 heures sur 24. Et dans le département, nous ne sommes même pas à ce niveau. Il faut remettre de l’humanité dans les Ehpad, où rien n’est fait actuellement pour développer la bientraitance, poursuit-il.
A chaque étape de la « Marche des Ehpad », les élus sont invités à signer sur une grande banderole. Des cahiers de doléances sont également déposés dans les établissements, à disposition des usagers et de leurs familles. Le tout sera remis en préfecture. Et à la rentrée de septembre, le relai de la flamme devrait sillonner d’autres départements de la région, les Pyrénées Orientales, le Gard et la Lozère.
La « Marche des Ehpad »