Les salariés de la RATP ont obtenu une augmentation de salaire conséquente et des gages d’amélioration de la qualité de vie au travail. La prime liée aux Jeux Olympiques se fait en revanche toujours attendre : FO revendique une enveloppe à la hauteur de l’effort demandé aux agents en poste cet été.
Entre NAO satisfaisantes et innovations dans les conditions de travail, le début d’année a été riche en avancées sociales à la RATP, qui assure la majorité des transports en commun de la région parisienne. Bien que la direction ait dans un premier temps proposé une augmentation générale de 0,9%, soit 26 euros brut mensuels par personne, FO Groupe-RATP a posé comme préalable aux discussions une revendication de 100 euros de hausse générale. Nous privilégions la mesure égalitaire plutôt que la revalorisation de la valeur du point : 100 euros brut mensuels pour un cadre supérieur comme pour un opérateur, expose Laurent Djebali, secrétaire général du syndicat.
Si FO est la deuxième organisation représentative dans l’entreprise avec 28% des voix aux dernières élections professionnelles, le syndicat est majoritaire dans de nombreux secteurs stratégiques pour la grève et le blocage : conducteurs, machinistes, agents de sécurité, etc. Depuis que FO-Groupe RATP est devenu représentatif en 2021, les salariés ont vu une vraie différence, assure Laurent Djebali. Entre 2007 et 2021, pour un revenu à 1 700 euros, les mesures salariales ont apporté 159 euros en tout. Mais depuis que nous avons imposé la mesure égalitaire, nous avons obtenu 265 euros en trois ans. »
Accès au logement et rénovation des locaux
Après de longs mois de négociation, un accord sur la qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) a également vu le jour en février. Objectif affiché : fidéliser les personnels face au manque d’effectifs qui affecte notamment l’offre de bus et de métro. On est partis de loin, l’accord s’est construit dans la durée, expose Laurent Djebali. On en ressort avec beaucoup de promesses, mais une ambition claire. Des investissements ont été consentis par la RATP pour la rénovation de nombreux locaux.
Nous avons également travaillé pour faciliter l’accès à la mobilité professionnelle, afin que les salariés n’attendent plus que trois ans au lieu de cinq, explique le délégué syndical. C’est une grande avancée pour nous car malheureusement, de nombreux salariés ont quitté l’entreprise parce qu’ils étaient bloqués. Afin de favoriser l’accès au logement des agents, la Régie s’est par ailleurs fixé l’objectif de loger 1 200 familles, soit 340 de plus qu’aujourd’hui. Actuellement, beaucoup de salariés dorment dans leur voiture, déplore Laurent Djebali. Une telle mesure permettrait aussi de faciliter la vie des salariés qui habitent loin de leur lieu de travail : Les en rapprocher, c’est déjà une amélioration du pouvoir d’achat, souligne l’élu.
Expérimentation de la semaine de quatre jours
L’accord sur la qualité de vie au travail entérine par ailleurs une expérience en cours depuis janvier sur trois lignes de métro et une ligne de RER : des agents en station, des contrôleurs et des managers volontaires expérimentent la semaine de quatre jours, à temps de travail constant, en travaillant une heure et quinze minutes supplémentaires quotidiennement. Un retour d’expérience permettra de décider si le dispositif a vocation à être pérennisé et étendu, ou non. Il faut d’abord être certains que ça représente une amélioration des conditions de vie et de travail, que les agents en ressentent le bienfait, estime Laurent Djebali. Le plus important, c’est l’équilibre social entre l’ensemble des salariés.
Afin de s’assurer que ces différentes mesures soient bien appliquées, les élus de FO-Groupe RATP ont demandé une audience à Ile-de-France Mobilités, l’autorité publique qui organise les transports dans la région. C’est bien beau de signer, pointe Laurent Djebali, mais on veut que cet accord vive !
Une prime insuffisante pour les Jeux Olympiques
Pierre d’achoppement entre les syndicats et la direction de la RATP : le montant de la prime dédiée aux salariés appelés à travailler pendant les Jeux Olympiques. Afin d’assurer la hausse de l’offre de transports nécessaire à la tenue de l’événement du 26 juillet au 11 août, les congés d’été ont dû être décalés. « Beaucoup d’agents ne pourront pas partir, c’est un sacrifice pour leur vie familiale : il faut une compensation financière », affirme Laurent Djebali.
Or, l’enveloppe actuellement allouée à ces primes atteint les 20 millions d’euros, ce qui signifie qu’un conducteur percevrait par exemple environ 1 200 euros, avance le délégué syndical. On ne participera à aucune discussion tant que l’enveloppe n’est pas en adéquation avec les attentes des salariés, explique celui qui entend obtenir une prime deux fois supérieure pour tous les agents. Le prix des tickets de métro va doubler. Nous, on ne demande pas de doubler notre salaire, mais que les gens qui vont être confrontés à cette affluence de touristes soient récompensés.
Le 28 février, le ministre délégué chargé des Transports, Patrice Vergriete, a déclaré sur France Inter n’être absolument pas inquiet à la perspective d’une grève qu’il juge improbable. On a bon espoir d’être entendus, confirme Laurent Djebali. Mais si on n’a pas de retour d’ici la fin du mois, on s’inscrira dans un rapport de force.