Trois chercheurs en économie et en sociologie se penchent depuis une quinzaine d’années sur les métiers du lien et du domicile. Ils publient une synthèse de leurs recherches.
François-Xavier Devetter, Annie Dussuet et Emmanuelle Puissant, deux économistes et une sociologue publient un ouvrage petit mais très complet sur les difficultés et perspectives des métiers de l’aide à domicile. Les auteurs dressent d’abord un état des lieux peu séduisant du secteur : quelque 600 000 aides à domicile œuvrent en France, payées en moyenne 57 % d’un temps plein malgré des journées à forte amplitude horaire (car leurs temps de trajet ne sont pas rémunérés). Elles sont exposées à soixante-cinq accidents par million d’heures de travail (contre trente-trois pour l’ensemble des salariés), relèvent de trois conventions collectives et ont au moins cinq statuts d’emploi différents.
On ne fait pas de profit sur la dépendance
Dans ce livre, les chercheurs décrivent cinq pistes d’amélioration. Il s’agit d’abord d’ancrer véritablement ces missions dans le champ médico-social avec la création d’un véritable service d’intérêt général, et de mieux les rémunérer. Comment le financer ? Par une réflexion sur les crédits d’impôt liés à l’emploi par les ménages les plus aisés de salariés à domicile. À l’heure où les services à destination des personnes fragiles peinent à recruter, au point de devoir parfois refuser certaines interventions, comment justifier le soutien à l’emploi auprès des ménages aisés qui souhaitent déléguer leurs tâches domestiques ? Ils proposent également de sortir ces activités d’une logique marchande et concurrentielle, car on ne fait pas de profit avec la dépendance. Par ailleurs, analysent les auteurs, des alternatives au métier lorsque l’usure se fait sentir pourraient être créées, soit pour basculer vers une formation, soit pour aller travailler en établissement où les contraintes sont différentes. Enfin, et c’est leur cinquième proposition : l’organisation d’un véritable collectif de travail, avec des temps d’échange en commun, du relationnel, une dimension de travail d’équipe, du temps de formation… De son côté, FO, bien implantée dans ces secteurs, travaille sans relâche à faire aboutir les revendications, tant salariales que sur les conditions de travail et pour un meilleur statut.