Le texte du gouvernement britannique sur l’instauration d’un service minimum dans plusieurs secteurs, dont la santé, les transports et l’éducation, pourrait entrer en vigueur dès la période des fêtes de Noël. Les syndicats nationaux sonnent l’alerte sur cette très forte limitation du droit de grève.
Inquiet à l’idée de revivre des blocages d’ampleur comme ceux que le pays a connus l’an dernier pour les fêtes de fin d’année, le gouvernement britannique hausse le ton. Le Strikes Act (loi sur les grèves), dénoncé depuis des mois par les syndicats nationaux, a été présenté début novembre devant le Parlement. Ce dernier doit désormais voter pour déterminer les règles que les syndicats devront suivre afin d’être en conformité avec la nouvelle législation en cas de conflit social, cela afin que des salariés assurent le service minimum dans de nombreux secteurs jugés « vitaux ». Concrètement, des salariés souhaitant répondre à un appel à la grève pourraient être contraints par leur employeur à y renoncer, afin d’assurer un fonctionnement minimal de l’organisation des services selon des pourcentages fixés par la loi. 40% des trajets devraient par exemple être assurés en cas de grève du rail.
Si le gouvernement parvient à ses fins, il aura le pouvoir d’appliquer des niveaux de service minimum impraticables dans les secteurs des transports, des services d’urgence et du contrôle aux frontières dès la fin de l’année, prévient le Trades Union Congress (TUC, Congrès des syndicats) dans un communiqué. Viendraient ensuite les pompiers, les professionnels des hôpitaux et de l’éducation. Au total, un travailleur sur cinq en Grande-Bretagne court le risque de perdre son droit de grève, alerte le TUC, qui fédère une cinquantaine d’organisations syndicales et 5,5 millions de membres. L’organisation se réunira en congrès exceptionnel le 9 décembre afin de définir une stratégie syndicale nationale.
Victoire des salariés du rail grâce à la grève
En 2022 et 2023, le pays s’est trouvé à plusieurs reprises paralysé par des grèves massives ayant pour but d’obtenir de meilleures conditions de travail et, surtout, des augmentations de salaire face à l’inflation et la hausse du coût de la vie. Les tensions restent fortes dans de nombreux secteurs professionnels.
Début novembre, les travailleurs du rail britannique sont parvenus à un accord préliminaire après des mois de grève pour conquérir des hausses de salaire, avec effet rétroactif. Les grèves initialement prévues en décembre, qui pesaient sur l’organisation des fêtes de Noël, ont donc été suspendues afin de permettre aux négociations de se poursuivre.
Pour la première fois depuis des mois, une sortie de crise et à l’avantage des travailleurs s’est donc dessinée dans le secteur des transports grâce à la grève. On obtient rarement quelque chose en disant s’il vous plaît, merci : il faut créer un rapport de force si l’on veut que la situation change profondément, rappelle Branislav Rugani, secrétaire confédéral du secteur international chez FO. La situation reste en revanche grippée dans le secteur de la santé, touché par une profonde crise structurelle liée aux conditions de travail difficiles pour les professionnels soignants.