Neuf mois ! C’est le temps qu’il aura fallu aux négociations salariales de la branche des experts-comptables (21 000 salariés) pour aboutir à un accord, pour 2023. Satisfaite de cette sortie de crise, arrachée au forceps, FO s’est portée signataire du texte début octobre. Il acte au 1er janvier prochain une hausse de 5,5% du point de base et de 4% du point hiérarchique, lesquelles se traduiront par une augmentation globale échelonnée entre 5,47% pour le coefficient 170 (porté à 1 785,83 euros bruts, soit 38,63 euros bruts au-dessus du montant du Smic) et 4,57% pour le coefficient le plus élevé.
Comme à son habitude, le patronat a cherché à contourner la question des salaires par tous les moyens. Pourtant, les cabinets d’expertises affichent une bonne santé économique, commente Paul Briey, chargé de mission branches à la section des services de la FEC-FO. Inutile de dire que cette stratégie est préjudiciable aux salariés qui affrontent une inflation toujours très élevée (établie à 4% fin octobre, sur un an, par l’Insee).
Une branche non-conforme depuis janvier 2023
Que la branche soit devenue non-conforme au Smic au 1er janvier 2023, avec un premier échelon lui étant devenu inférieur, ne semble pas avoir préoccupé les organisations patronales outre-mesure. Lors des NAO 2022 conclues en octobre 2022, déjà, elles avaient refusé d’anticiper la hausse automatique du Smic au 1er janvier 2023, rappelle Paul Briey. Malgré les alertes de FO sur le niveau élevé de l’inflation et la demande syndicale d’ouverture des NAO 2023 dès février, le patronat a refusé, plusieurs mois durant, de mettre la question salariale à l’ordre du jour de la CPPNI (commission paritaire permanente de négociation et d’interprétation).
Il a d’abord tenté d’esquiver l’ouverture de négociations sur les salaires, en proposant dans le cadre d’un projet modifiant la convention collective, un avenant mettant en adéquation le 1er échelon avec le Smic ! Ce n’est qu’en juin, après que la deuxième augmentation automatique du Smic intervenue en 2023 a fait basculer le second échelon de la grille sous le salaire minimum légal, qu’il s’est résolu à aborder la question salariale sous la pression de l’intersyndicale (comprenant FO), constituée pour faire front. Dès mars, celle-ci avait d’ailleurs interpellé le ministère du Travail, pour faire respecter la loi du 16 août 2022 (fixant à 45 jours le délai maximum d’ouverture des négociations salariales en cas de non-conformité d’une branche au Smic). Mais il n’a pas su nous apporter de solution, déplore Paul Briey, qui a été reçu à la DGT (direction générale du Travail).
En définitive, l’accord s’est bâti entre juin et octobre, en trois séances émaillées de suspensions de séances face aux propositions indécentes du patronat, pour finir par être négocié avec une seule organisation patronale… L’organisation patronale majoritaire n’ayant pas déclenché son droit d’opposition, l’accord signé par FO est réputé valide.