Mickaël Bapté, 46 ans, est agent logistique et délégué FO chez Zoomalia, société de vente par Internet d’accessoires et de nourriture pour animaux de compagnie, dont le siège est situé à Saint-Geours-de-Maremne, dans les Landes. Dans cette entreprise, qui dispose aussi de magasins, il est le premier à avoir implanté un syndicat, ce qui relève du parcours du combattant.
P olicier, artiste, commerçant, informaticien… À 46 ans, Mickaël Bapté semble avoir déjà vécu mille vies, et ce n’est visiblement pas fini. Entré chez Zoomalia en 2019 comme agent logistique, il a créé un syndicat FO en juin 2022 à l’occasion des élections professionnelles et a été élu au premier tour. Auparavant, il accompagnait déjà des salariés en difficulté, mais à titre individuel.
Quand la situation s’est dégradée dans l’entreprise, j’ai poussé la porte de plusieurs syndicats, explique-t-il. À FO, j’ai apprécié l’écoute, l’humanité, et cette impression s’est confirmée lors des formations. Quand on discute tous ensemble, on se comprend, j’ai l’impression de faire partie d’une famille. J’aurais aimé découvrir le syndicalisme plus tôt, ça a été une révélation !
Mais l’implantation du premier syndicat n’est visiblement pas du goût de la direction. Depuis les élections, tous les membres du bureau du syndicat ont été licenciés ou amenés à démissionner, il ne reste plus que moi, explique Mickaël. La direction voudrait aussi me mettre dehors, mais j’ai un mandat de trois ans et je ne lâcherai pas. La bataille porte ses fruits, c’est ce qui me fait tenir.
Le militant, affable, ne s’attendait pas à un combat si rude. L’entreprise connaît une croissance exponentielle. Au siège, la surface des entrepôts est passée de 3 000 à 18 000 mètres carrés en deux ans, tandis que le nombre de salariés a bondi de 50 en 2019 à 200 en 2021, pour revenir à 145 actuellement, mais auxquels s’ajoutent de nombreux contrats en CDD ou en intérim.
Une formation de conseiller prud’homal
L’entreprise a été reconnue à haut risque pour les troubles musculosquelettiques et les risques psychosociaux par l’inspection du travail, explique-t-il. Certains salariés ont pu cumuler jusqu’à 20 tonnes de port de charges lourdes par jour. Il évoque aussi de nombreux burn-out, accidents du travail, démissions, malaises… et des objectifs de plus en plus inatteignables. Le dossier, suivi par l’inspection du travail et la Carsat, est aujourd’hui entre les mains d’un cabinet d’expertise. L’entreprise est dans le déni, mais je continue mon combat pour la défense des salariés, prévient-il.
Mickaël se bat aussi pour avoir accès aux comptes de l’entreprise et sollicite pour cela la médiation de l’inspection du travail. Depuis un an, la direction dit que l’entreprise va mal et va couler. Mais les chiffres ne sont pas à jour, on me donne des informations partielles, au compte-gouttes, déplore celui qui a combattu l’an dernier la mise en œuvre d’un projet de rupture conventionnelle collective.
Lorsqu’il aura remis d’aplomb l’équipe FO au siège de l’entreprise, il compte se tourner vers les magasins, dont une trentaine ont ouvert cette année dans toute la France. Les salariés sont eux aussi sous pression des managers, on ne doit pas les laisser seuls, prévient le militant.
En parallèle, il fourbit ses armes juridiques. Il a repris des études de droit et vient de finir une formation pour devenir conseiller prud’homal. Son but : être plus opérationnel et accompagner des salariés dans d’autres entreprises.
Le syndicat l’a aussi fait sortir de sa réserve. Jusqu’à présent, on ne m’avait pas entendu dans l’entreprise, mais là on est dans le jus, il faut parler plus, lance-t-il dans un grand rire.
S’il envisage de se reconvertir dans le droit, Mickaël ne compte pas pour autant abandonner ses activités artistiques, la musique et le slam, mais avec des textes qu’il souhaite désormais plus militants.