« Maîtriser la dépense pour investir dans l’avenir », tel est l’intitulé du projet de loi de finances (PLF) pour 2024 présenté par le gouvernement le 27 septembre. C’est le choix d’un axe d’économies renforcées. Le gouvernement propose d’abaisser la dépense publique de 16 milliards d’euros (voire 17 si possible), dont 5,2 milliards d’euros de baisse de dépenses pour l’État. L’objectif est donc de réduire à marche forcée le déficit public à 2,7 % du PIB en 2027, cela pour être dans les clous du pacte européen de stabilité, qui devrait refaire son entrée dès l’an prochain. En 2024, le gouvernement entend ramener le déficit public à 4,4 %, contre 4,9 % cette année. De 5,3 % à 4,6 % en ce qui concerne le déficit de l’État. Pour remplir l’objectif de 2027, le gouvernement compte adopter une méthode nouvelle, les revues des dépenses publiques, qui seront reprises chaque année. Sont visées pour l’État des économies à hauteur de six milliards d’euros en 2025 et six autres en 2026. Autre technique pour le recul des dépenses, la mise en place de réformes structurelles. Et de citer la réforme du RSA, la création de France Travail, la réforme des lycées professionnels… Après d’autres réformes, dont celles sur les retraites et l’Assurance chômage.
Des secteurs publics toujours au régime sec
Le gouvernement, qui vante la résistance de l’économie du pays permettant d’aller vers le plein emploi (un taux de chômage à 5 %), fait le pari optimiste d’une croissance à 1,4 % l’an prochain. Le PLF est placé sous le signe de la transition écologique (40 milliards de crédits), ce qui comprend, entre autres, de nouveaux soutiens aux entreprises, dont des crédits d’impôts, et la réduction des mesures fiscales sur les énergies fossiles. Le projet de loi traduit aussi, comme désormais chaque année, la poursuite paradoxale de la baisse des impôts, lesquels ont déjà reculé de 50 milliards en près de six ans, avec des mesures et réformes qui profitent aux entreprises et aux ménages les plus aisés. Or, cette politique qui accepte un manque à gagner en termes de recettes pour les comptes publics a tout à voir avec le régime sec infligé d’année en année aux services publics. Ainsi, hormis quelques secteurs (armées, ministère de l’Intérieur, justice, etc.) dont les crédits croîtraient en 2024, la grande majorité des autres secteurs verraient stagner leurs moyens quand ils n’accuseraient pas une baisse. Du côté des emplois publics, l’annonce de 8 273 ETP supplémentaires dans le versant État masque des traitements très différents. Si certains secteurs (justice, armées, intérieur) emportent la majorité des créations, dans l’ensemble, les gains en effectifs sont moindres qu’en 2023. Et c’est sans évoquer le cas des ministères économiques et financiers qui, comme chaque année, perdent des emplois.