Même s’il est difficile de cesser le travail à l’hôpital, un préavis de grève illimité couvre actuellement les agents du centre hospitalier de Saint-Brieuc. Service social, Ehpad, standard, médecine interne, la paupérisation des moyens frappe à tous les étages de l’établissement.
Au centre hospitalier de Saint-Brieuc les personnels n’en peuvent plus. A titre d’exemple, au service social, trois agents sont en arrêt maladie et une contractuelle ne souhaite pas renouveler son contrat, cite Carine Le Tertre, secrétaire générale du syndicat FO de l’établissement. Il y a une grande souffrance morale et physique chez les professionnels. Il faut vraiment faire quelque chose pour l’hôpital !
Épuisement, stress, angoisses, troubles du sommeil, troubles de la mémoire et de l’attention, troubles de l’appétit… dans un droit de retrait qu’ils ont fait parvenir le 11 septembre à leur direction, les assistants sociaux ont témoigné de l’impact de la surcharge de travail sur leur santé. Ils venaient alors d’apprendre depuis peu qu’un poste était menacé : celui d’une contractuelle exerçant à 40 % auprès de femmes victimes de violences et à 60 % dans le remplacement de collègues en arrêt. On nous a signifié que les effectifs du service étaient au complet, alors qu’une étude réalisée l’hiver dernier montrait qu’il manquait deux équivalents temps plein, s’indigne Carine Le Tertre. Le 31 août FO avait donc lancé un préavis de grève d’une durée illimitée pour le service social. Ce qu’on a gagné c’est que ce poste a été prolongé jusqu’au 31 octobre, note la militante. Alors que les revendications concernaient l’octroi de deux ETP supplémentaires, le maintien de la contractuelle, le paiement des heures supplémentaires ou la possibilité de les récupérer.
L’été a en effet été très « chaud » dans la région, et on ne parle pas ici de canicule. Ainsi, le 7 août les urgences de l’hôpital ont dû absorber le flux de patients de quatre services d’urgences (Lannion, Guingamp, Carhaix et Pontivy), soit deux du département et deux de départements voisins, qui avaient fermé pour la nuit. Cela a représenté 211 patients en 24 heures, avec pour conséquence une attente moyenne de quelque huit heures pour chacun d’eux. En effet la nuit, aux urgences briochines, il n’y avait que deux médecins (contre six en journée).
Des difficultés de longue date
Mais les difficultés que rencontre l’hôpital ne se limitent pas aux urgences et à l’été. Carine Le Tertre avait lancé un droit d’alerte dès janvier 2023 concernant, cette fois, le standard de nuit. Un seul agent en poste pour gérer l’afflux d’admissions et les appels téléphonique ce n’est plus gérable, explique-t-elle. Un poste de renfort a été mis en place, mais sur un service de 7h30 alors qu’il faudrait être présent 10 heures. Ce droit d’alerte, malgré de nombreuses relances au printemps et pendant l’été est resté sans réponse. Surtout le contrat sur ce poste de renfort arrive à échéance le 30 septembre…
Le 31 août, un préavis de grève intersyndical était également déposé pour le service de médecine interne et infectieuse, où la direction a annoncé la suppression d’un poste d’aide-soignant de nuit au 1er octobre (qui représente trois équivalents temps plein pour couvrir toutes les nuits dans le respect de la loi). Ce poste avait été créé suite au Covid et sur des crédits du Ségur. Et on le supprime au prétexte qu’il n’y aurait plus de Covid !
Des économies quoi qu’il en coûte ?
Enfin, le 26 septembre, un rassemblement était organisé devant le centre gériatrique des Capucins où les professionnels ont témoigné du manque de bras pour assurer le soin, comme il se doit, de tous leurs patients. Et c’est sans oublier que nous devons fusionner avec les hôpitaux de Paimpol et Tréguier au 1er janvier prochain, s’inquiète Carine Le Tertre. De quoi craindre de nouvelles recherches d’économies… Je me demande comme seront soignés les Armoricains, interroge-t-elle.
Depuis le 7 septembre, un préavis de grève illimité et concernant l’ensemble des services a été déposé, mais la situation ne s’est pas améliorée. Au contraire, lors de notre dernière rencontre avec la direction, lundi 25 septembre, il nous a été annoncé que certains financements accordés lors du Ségur n’avaient pas été versés. Des projets de travaux sont à l’arrêt. Pour moi qui travaille à l’hôpital de Saint-Brieuc depuis trente ans, je vois que le paquebot est en train de couler. Il est urgent de faire quelque-chose.