Céline Cussac, 39 ans, est défenseure syndicale à l’UD FO d’Ille-et-Vilaine et tête de liste pour l’élection dans les TPE en Bretagne. Sa priorité, aider ces salariés particulièrement isolés à faire valoir leurs droits.
S es journées semblent filer à 100 à l’heure. Céline Cussac prie de l’excuser, elle interrompt la conversation pour parer à une urgence, saluer un camarade, fixer un rendez-vous dans la manif qui démarre… Sitôt le cortège dissous, elle se rendra à une audience aux prud’hommes. Elle trouvera encore le temps de se consacrer à ses hobbies et notamment l’agility
, où elle accompagne son chien sur un parcours d’obstacles.
La jeune femme est défenseure syndicale pour l’UD FO d’Ille-et-Vilaine. Au cœur de son activité, conseiller juridiquement les salariés pour qu’ils puissent faire valoir leurs droits et, en cas de conflit, les défendre devant les prud’hommes et la cour d’appel.
Rien ne la prédestinait à s’engager dans le combat syndical. Après un bac de sciences médico-sociales, elle passe un BTS d’assistante de direction et est embauchée chez Peugeot. En 2004, après la naissance de sa fille, c’est une mission d’intérim qui la fait entrer comme secrétaire juridique à l’UD FO basée à Rennes.
Je ne connaissais pas FO et je n’étais pas juriste, s’amuse-t-elle aujourd’hui. J’ai tout appris sur le terrain.
C’est par le biais de l’ISST (Institut des sciences sociales du travail) ― organisme créé par les organisations syndicales pour former les militants ― qu’elle se forme au droit du travail, en 2006. En 2016 elle devient défenseure syndicale, lors du départ en retraite de son prédécesseur.
Défendre les salariés des TPE
Attention à ne pas la comparer à un avocat. Pour moi, le droit du travail est un outil syndical et j’en ai une lecture du droit ouvrier, précise-t-elle. Je défends les salariés, jamais je n’irais défendre un employeur.
Elle dénonce au passage les réformes du Code du travail, n’allant jamais dans le sens des salariés. Alors qu’en parallèle, les procédures de saisine des prud’hommes se complexifient.
À l’UD FO d’Ille-et-Vilaine, elle a trouvé des valeurs et une vision de la vie qui « collent très clairement » aux siennes. L’entraide, la dignité, la solidarité, ce ne sont pas que de vains mots, insiste-t-elle. Quand un copain a un problème, parce qu’on est un collectif, on surmonte l’obstacle. La lutte des classes existe. J’ai découvert ça en militant à FO.
C’est pour défendre les salariés particulièrement isolés des TPE qu’elle se présente aux élections, qui se déroulent jusqu’au 6 avril 2022. C’est plus difficile de faire valoir ses droits quand on travaille tous les jours avec son patron, estime-t-elle. Souvent, il s’agit de conflits de personnes. Il faut quelqu’un d’extérieur qui voit les choses avec du recul et qui est donc à même de donner des conseils ou d’aider à négocier.
Tête de liste pour la Région Bretagne, elle est en position pour siéger à la CPRI (commission paritaire régionale interprofessionnelle). Cette structure, constituée de dix représentants des salariés et de dix représentants des employeurs, joue auprès des salariés des TPE un rôle d’information et de résolution des conflits. En quatre ans, la CPRI de Bretagne s’est réunie au mieux trois fois, soupire-t-elle. L’institution veut en faire un outil de cogestion, mais c’est antinomique. Il faut y siéger pour qu’elle fasse beaucoup plus, par exemple pour améliorer les conditions de travail, ou organiser des permanences syndicales pour les salariés.
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly