A l’appel d’une intersyndicale menée par FO, quatre sites de production des fromageries Bel avaient débrayé le 8 mars pour leurs salaires. Une journée d’action qui s’est avérée payante puisque les ouvriers et employés obtiennent une augmentation de 1,5% au terme des NAO, au lieu des 1% voulus par la direction, ainsi que la valorisation de certaines primes.
Cette action des salariés, c’est pour exiger une reconnaissance de tout le travail qui a été fourni pendant la crise sanitaire
, déclare Laurent Rescanières, secrétaire général adjoint à la FGTA-FO et chargé notamment du secteur de l’industrie laitière.
Par l’appel à la grève, au plan national, et lancé notamment par FO, quatre des cinq sites français de production des Fromageries Bel étaient ainsi l’arrêt le 8 mars. Christophe Meunier, Délégué Syndical Central FO sur le site de Dole (Jura) confirme : La mobilisation a été bien suivie partout en France. Ici, elle a été suivie à 40%, ce qui représente environ 400 salariés
. Pour mémoire, les Fromageries Bel (Baby Bel, Vache qui rit, Kiri…) représentent quelque 3 200 salariés répartis sur cinq sites de production en France en plus du siège.
Le mouvement a été décidé suite à l’annonce du groupe Bel de n’augmenter les salaires que de 1%. Une annonce d’autant moins bien reçue par les salariés qu’ils ont mis les bouchées doubles en 2020. La crise sanitaire a été éprouvante, explique Nicolas Jaslier, DS FO sur le site d’Evron (Mayenne). On a eu une demande de production plus forte que d’habitude pendant tout le confinement et même après. Tout le monde a fourni de gros efforts, en travaillant par exemple les samedis ou la nuit. On s’attendait à davantage de reconnaissance.
Les salariés de deuxième ligne invisibles
Des salariés de deuxième ligne « invisibles » pour le responsable FGTA-FO, qui souhaite davantage de reconnaissance pour tous ces travailleurs, qui n’ont pas démérité pendant la crise du Covid. On est dans la demande de reconnaissance du travail fourni dans cette période compliquée
.
Nicolas Jaslier insiste toutefois sur les bonnes relations avec la direction de Bel. Ils sont passés nous saluer sur le piquet de grève et nous ont dit qu’ils nous entendaient. Je veux aussi souligner que les choses se sont bien déroulées pendant la pandémie. Nous avons pu travailler dans de bonnes conditions au niveau de la sécurité et les salariés qui étaient à risque ont pu rester chez eux sans être pénalisés
.
La pandémie a boosté les résultats du groupe, qui n’a jamais cessé la production pendant les confinements. Au quatrième trimestre 2020, les ventes consolidées ont atteint le montant de 862 millions d’euros, avec une croissance de 1,6% par rapport à 2019. Et la célébration des 100 ans de la « Vache qui rit » cette année devrait soutenir ces bons résultats.
La pugnacité des élus FO
A l’issue de la grève, la direction a dû concéder une augmentation générale des salaires de 1,5% pour le collège ouvriers/employés (environ 1 700 salariés) contre les 1% prévus et de 1,4% pour les cadres (0,3% pour sur-performance et 0,1% pour les plus bas salaires). Autre victoire : la revalorisation de certaines primes, comme celle de panier ou encore d’astreinte. La prime de vacances passe, elle, de 610 à 630 euros.
Pour Christophe Meunier qui regrette le manque d’efforts envers les bas salaires
, ces NAO s’achèvent sur une note globalement satisfaisante
. Il se félicite d’avoir obtenu deux négociations par an sur les salaires pour chaque site de production et un engagement de la part de la direction sur la résorption des emplois précaires (environ 20% des équipes sur tous les sites) et sur les besoins en termes d’embauches.
Côté FGTA-FO, on note surtout une victoire syndicale exceptionnelle pour le secteur laitier. Pour 2021, c’est la seule entreprise qui est parvenue à négocier une augmentation aussi importante dans le cadre des NAO
, souligne Laurent Rescanières, qui applaudit le travail et la pugnacité des élus FO du groupe Bel dans cette sortie de conflit.
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly