Avec le reconfinement tous les lieux de culture sont de nouveau fermés. Dans les Landes, des gens de théâtre ont décidé de résister en créant un lieu de « résidence-RéSISTeNCES » d’artistes. Un bel exemple.
Depuis le 9 novembre et jusqu’à la fin décembre, quatorze compagnies du spectacle vivant de la région Nouvelle-Aquitaine [1] peuvent répéter dans des conditions professionnelles au sein du Théâtre de Gascogne, un établissement public géré par l’agglomération de Mont-de-Marsan. Les artistes sont répartis sur trois sites distincts : le pôle de Saint-Pierre-du-Mont et les théâtres Molière et Péglé dans la capitale administrative des Landes, Mont-de-Marsan. Ville connue pour sa passion de la sculpture.
Ce projet, innovant et salutaire dans le contexte actuel, a pris le nom de « RéSISTeNCES d’artistes ». Les compagnies peuvent y résider cinq jours à tour de rôle, bénéficiant d’un accompagnement technique (décors, lumière, son, régie, vidéo…), de repas, de logements et les intermittents du spectacle perçoivent un cachet. Le budget est de 60 000 euros, financé par l’agglomération de Mont-de-Marsan, la Direction régionale des affaires culturelles et l’Office artistique de la région Nouvelle-Aquitaine.
L’idée est venue très récemment d’Antoine Gabriel, directeur du Théâtre de Gascogne. Il s’en explique dans une interview au quotidien Sud-Ouest : C’était impossible de rester inactif et les bras croisés à un moment où le secteur culturel subit pour la deuxième fois les conséquences désastreuses de la situation sanitaire de notre pays. La raison d’être d’un théâtre est de soutenir les artistes et de favoriser la rencontre entre les artistes et les spectateurs. La rencontre est là impossible, donc les efforts portent sur la création. Les résidences d’artistes sont autorisées, comme l’a dit le Premier ministre.
[2]. Certes, en espérant que théâtres, cinémas, musées, salles d’exposition puissent rouvrir dans un jour pas trop lointain !
Une bulle d’air artistique et économique
Le maire de Mont-de-Marsan, Charles Dayot, appuie ce projet : Notre objectif est de soutenir la culture et de faire marcher le commerce local. Les artistes utiliseront des lieux d’hébergement, des traiteurs. C’est une façon aussi d’investir dans l’avenir puisque ces compagnies reviendront avec leur projet et ils feront rayonner le théâtre
[2].
Les lieux de résidence sont bien sûr soumis aux conditions sanitaires strictes : masque, distanciation, rotation pour les repas. Nous sommes bien loin hélas de la convivialité des répétitions !
Par ailleurs, les collèges et lycées du coin ont été sollicités. Si cela est possible, les élèves pourront assister, de près ou de loin, aux étapes de la création-répétition et les artistes pourraient se déplacer dans les écoles. Il ne s’agit que d’une goutte d’eau, mais tellement porteuse d’espoir dans le contexte actuel.
[1] Compagnie Contrechamp, Théâtre des deux mains, Par les temps qui courent, Compagnie Thomas Visonneau, Agence de géographie affective, MMM, Compagnie de Louise, Théâtre du rivage, Alain Larribet, Compagnie Nanoua, Yannick Jaulin, La Martingale, La Volige, Kamino.
[2] Sud-Ouest, 6 novembre 2020.
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly