Agnès Gosa, 62 ans, termine une mission de chef de projet auprès de l’union régionale FO Rhône-Alpes. Bien que partie en retraite en janvier dernier, cette ancienne journaliste continue pour quelques mois encore d’être aux côtés des délégués syndicaux dans leurs négociations pour l’égalité professionnelle.
À chaque fois qu’on recule sur le terrain social, les femmes sont les premières à en pâtir. Et à chaque fois qu’il y a des avancées pour les femmes, ça va mieux pour tout le monde
, constate Agnès Gosa. Pour autant, elle n’a jamais déployé de drapeau féministe car tout le mouvement ouvrier s’est battu pour que les femmes soient traitées à l’égal des hommes. En tant que syndicaliste on se bat contre toutes les inégalités
.
Cette militante, qui vit dans la campagne grenobloise, a été durant vingt-cinq ans journaliste au Dauphiné Libéré. Elle adhère à FO à la fin des années 1980. Quand j’ai intégré le journal, j’avais une revendication mais le responsable du syndicat SNJ, majoritaire, m’a répondu que ça se passait comme ça dans l’entreprise, se souvient-elle. Je venais du syndicalisme étudiant, ça ne m’a pas plu.
Quelques mois plus tard, quand un camarade annonce vouloir monter un syndicat FO elle lui emboîte le pas. C’était super, s’enthousiasme-t-elle. On reprend les rênes du métier, on vit l’entreprise autrement. On est debout, même si on le paye un peu sur nos carrières.
Agnès, qui couvre le social, côtoie délégués syndicaux et employeurs, passe du temps sur les piquets de grève, dans les manifs… Ces travailleurs qui me racontent leur rapport au travail, c’est une richesse, c’est la vraie vie pour moi
, reconnaît-elle.
Désireuse de changer de métier, elle devient consultante. Elle travaille d’abord en cabinet sur le changement et l’analyse organisationnelle, avant de devenir chef de projet au Fongecif. Grâce à un financement décroché auprès du Fonds social européen et de l’État, elle est embauchée en mai 2019 à plein temps comme chef de projet par l’union régionale FO Rhône-Alpes. Elle y a deux missions : l’une sur l’égalité professionnelle femmes-hommes menée par trois UD (Isère, Drôme-Ardèche et Savoie), l’autre sur le handicap avec six UD. Partie en retraite au 1er janvier 2020, elle termine de manière non salariée ces projets qui doivent s’achever en juin prochain.
Devenir compétents sur l’égalité comme on l’est sur les salaires
En matière d’égalité, l’objectif est de devenir compétents sur ces questions, comme on l’est déjà tous sur les conditions de travail ou l’augmentation générale des salaires
, poursuit-elle. Cela passe par une méthode de formation-action
et un accompagnement des délégués syndicaux. Les stages ont été bâtis par les secrétaires généraux, les militants et le secteur confédéral chargé de l’égalité. Le projet consiste surtout à être aux côtés des militants et leur fournir la ressource nécessaire.
Les employeurs sont extrêmement agiles pour éviter la question de l’égalité, dénonce Agnès. Et ils prétendent tous que c’est très technique. Nous ne sommes pas des experts mais des représentants des salariés qui cherchons des informations pour repérer les inégalités.
Elle pointe aussi l’index égalité, qui reste un outil, pas une fin en soi. L’employeur nous oppose une note, mais pour ne pas avoir les 75 points requis il faut être nul, estime-t-elle. Si on accepte cette logique, c’est la fin de toute négociation.
À l’issue du projet, elle en dressera le bilan pour voir ce qui vaudrait la peine d’être développé. Elle aura alors plus de temps pour ses loisirs, faire des claquettes et surtout se promener avec son chien dans la réserve naturelle des Isles du Drac, un endroit extraordinaire
.
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly