Yves Veyrier, secrétaire général de FO, s’adresse aux étudiants à l’occasion du congrès de l’UNEF.
Et chères étudiantes, chers étudiants,
Chers camarades, puisque vous êtes là, délégués au congrès syndical de l’UNEF.
Permettez-moi en premier lieu de vous apporter le salut fraternel de la Confédération générale du travail Force Ouvrière.
Il ne s’agit pas d’une simple formule d’introduction, de politesse.
Mais bien le signe de l’attention toujours apportée par FO à la jeunesse.
Bien sûr, car la jeunesse, à toute société, est son avenir.
Mais aussi parce qu’en tant que représentant des salariés, de la classe ouvrière sur le terrain syndical, nous sommes attachés à nous assurer que notre société lui donne les moyens de son avenir.
FO est, depuis ses origines, attachée au concept d’instruction publique. Le rôle de l’éducation nationale publique, dès l’école élémentaire, est de former les citoyennes et citoyens de demain.
Cela demande d’assurer à tout un chacun l’accès à l’enseignement laïque.
Il s’agit d’œuvrer ainsi à l’émancipation, en assurant que chacun accède aux moyens de son libre arbitre.
Il s’agit de faire en sorte que toutes et tous échappent à toute contrainte idéologique, dogmatique, ou toute quelconque forme de soumission de l’individu.
En cela, FO est attachée au révolté d’Albert Camus, celui qui dit Non, qui oppose à l’ordre qui l’opprime une sorte de droit à ne pas être opprimé
.
Cela demande que l’école, le collège, le lycée, l’université à laquelle aussi toutes et tous doivent pouvoir accéder, quelle que soit son origine et sa condition sociale, soient dotés des moyens nécessaires. Cela vaut bien sûr aussi pour les filières professionnelles.
Cela demande bien sûr que les moyens de la formation des professeurs, des instituteurs – les hussards noirs de la république – soient mis en œuvre en conséquence.
Telles sont ici les revendications syndicales portées par FO, par ses syndicats et sa fédération de l’Éducation nationale.
Porter attention à la jeunesse, c’est aussi penser qu’ils sont des travailleurs en devenir.
• Lorsque nous dénonçons la précarité, les embauches en CDD, les conditions précaires faites aux stagiaires, trop souvent substitués à de véritables emplois, lorsque nous intervenons sur les questions de logement, nous nous adressons bien sûr aux jeunes déjà salariés, mais aussi à vous futurs salariés, ou déjà salariés en parallèle de vos études.
• Lorsque aujourd’hui nous sommes engagés, avec l’UNEF notamment, dans la grève interprofessionnelle contre le projet du gouvernement de système universel de retraite par points, qui sera en fait un régime unique sous contrôle unique de l’État, dont on aura évincé le rôle de la représentation syndicale des salariés et de la négociation collective.
La retraite est un symbole éminent de la solidarité intergénérationnelle.
Parce que nous défendons la répartition qui fait que les cotisations des salariés actifs sont les pensions des retraités.
Parce que nous ne pensons pas seulement aux actifs et à leurs droits acquis, mais aux droits demain qui seront les vôtres.
Parce que justement nous n’acceptons pas la solution de ladite clause du grand-père qui consisterait à se désolidariser de la jeunesse, en sauvant nos droits aujourd’hui, en vous laissant à votre propre sort demain.
Porter attention à la jeunesse, pour FO, c’est aussi s’engager clairement dans les enjeux environnementaux et climatiques.
Depuis plusieurs années nous sommes partie prenante de l’action des délégations syndicales internationales dans le cadre en particulier des COP. Nous sommes représentés avec la Confédération syndicale internationale à Madrid en ce moment même.
Parce qu’il n’y a pas d’emploi sur une planète morte. Parce que la transition climatique ne sera juste et efficace que si elle est juste socialement, ne laissant pas les travailleurs, leurs emplois, sur le côté.
Vous êtes déjà engagés, en tant que militants de l’UNEF. Peut-être aussi ailleurs, en tant que citoyens. Soyez en fiers. L’engagement est une condition essentielle de la démocratie.
La jeunesse est généreuse. Elle doit continuer de l’être. Généreux, soyez-le, sans restriction.
A ce sujet, ces quelques lignes, qui ne sont pas d’aujourd’hui, mais de Léon Jouhaux en 1937 : le mouvement ouvrier est essentiellement internationaliste et pacifiste. Un syndicalisme – ou un socialisme – national est un mensonge des dictatures fascistes : ce n’est qu’un prétexte à asservir les forces ouvrières et à les utiliser pour les fins d’un nationalisme exaspéré et belliqueux.
Bon congrès.
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly