Quelque 300 personnes dont 260 délégués représentant plus d’une cinquantaine de syndicats FO des Côtes-d’Armor étaient réunies le 18 octobre dernier à Ploufragan près de Saint-Brieuc pour le XXIVè congrès de l’Union départementale FO. Présidé par la secrétaire confédérale Béatrice Clicq, le congrès a vu la réélection de l’actuel secrétaire général de l’UD-FO, Éric Le Courtois, à un cinquième mandat. Pour ce dernier, « le punch de la jeune génération, la fraternité des militants au sein de l’UD et l’envie plus que jamais de se battre pour la défense des droits des travailleurs » pourrait résumer l’ambiance de ce congrès très combatif.
A l’occasion du XXIVè congrès de l’Union départementale FO des Côtes d’Armor qui se tenait le 18 octobre à Ploufragan, la commission exécutive de l’UD-FO a été renouvelée pour plus d’un tiers de ses membres… Autant dire que cela signe le « dynamisme de notre Ud-FO » se réjouit Eric Le Courtois reconduit dans son mandat (le cinquième) de secrétaire général. L’UD se félicite ainsi d’un « mélange de générations » en son sein, « de l’absence de fractures générationnelle » entre militants… Le secret du dynamisme ?
Quoi qu’il en soit, le développement de l’organisation FO dans le département « 22 » atteste d’une évidente détermination des militants. De la quinzaine de nouvelles implantations au cours de la dernière mandature à la montée en flèche du nombre de timbres depuis quelques années (passés de 9 000 en 2006 à 17 000 en 2019), l’UD (dont les rapports d’activité et de trésorerie ont été adoptés à l’unanimité) multiplie les efforts.
« Face aux nouvelles structures CSE, il faut former les militants ». Or, la difficulté est accentuée car les nouvelles règles inhérentes à la mise en place des CSE induisent « moins de moyens » syndicaux explique Eric Le Courtois. Par ailleurs, les faibles « moyens humains » de l’UD exacerbent les difficultés. « Nous n’avons presque pas de permanents » souligne-t-il. Le passage, via des changements de statuts, d’une commission exécutive de 39 membres à une CE de quarante-cinq depuis le congrès d’octobre traduit la détermination des militants à s’engager dans le combat syndical, même avec la contrainte de devoir concilier activité professionnelle et travail syndical. Et pour cause : il faut combattre plus que jamais pour défendre la possibilité d’un exercice syndical et « c’est de plus en plus difficile pour les camarades » indique Éric Le Courtois, notant une augmentation de la « criminalisation » de l’action syndicale.
La construction du rapport de force
Dans ce congrès réunissant 300 personnes (dont 260 délégués FO) et présidé par la secrétaire confédérale Béatrice Clicq, les militants ont réaffirmé leurs revendications, au cours de leurs interventions (près d’une trentaine) à la tribune et bien sûr au sein de la résolution générale, adoptée à l’unanimité moins une abstention. Là encore indique Eric Le Courtois, il s’agit « d’une réso parfaitement dynamique ».
Ainsi ont tenu à acter les congressistes : « toute la question du rapport de force dans une négociation se pose dans le respect des interlocuteurs (et non des partenaires sociaux) et pour Force Ouvrière la régression sociale ne se négocie pas ! Nous avons constaté depuis très longtemps que la négociation contractuelle a apporté des améliorations directes aux conditions de vie de la classe ouvrière, mais lorsque celle-ci est bafouée et se traduit par de la concertation médiatique, la seule issue de la classe ouvrière pour construire le rapport de force c’est la grève générale ».
Les lourdes conséquences de contre-réformes
Alors que l’UD-FO prépare la grève pour la défense des retraites à compter du 5 décembre, le congrès a réaffirmé la volonté d’action des militants. Ainsi souligne la résolution générale « seule la grève interprofessionnelle jusqu’à satisfaction permettra la réelle mobilisation des travailleurs et obligera le gouvernement à reculer ». Le congrès a appelé « ses syndicats à organiser partout des réunions afin de mettre au centre des discussions la préparation de la grève interprofessionnelle, notamment pour le retrait du projet Macron-Delevoye sur les retraites, jusqu’à satisfaction. Il invite les camarades à constituer des caisses de grève et d’entraide ».
Pour les militants des Côtes d’Armor il serait inconcevable de ne pas combattre un projet qui, entre autres, est une « porte grande ouverte à la logique individuelle assurantielle et aux fonds de pensions ». Et plus largement, ils fustigent « l’ensemble des contre-réformes sur les retraites, depuis la loi du 22 juillet 1993 dite « Balladur » qui a porté la durée de cotisation, dans le privé, de 37,5 à 40 ans, et le calcul de la pension des 10 aux 25 meilleures années ».
Via sa résolution générale, le congrès a ainsi rappelé la nécessité d’un « retour aux 37,5 années de cotisations pour percevoir une retraite pleine et entière, calculée sur les 10 meilleures années pour le secteur privé et les six derniers mois pour la Fonction Publique, et le droit à la retraite à 60 ans ».
Les emplois en difficulté dans le public comme dans le privé
Les questions portant sur la situation de l’emploi dans le département ont aussi été particulièrement évoquées lors de ce congrès. Au sein du secteur privé, les emplois sont malmenés. A titre d’exemple, chez Armor-Meca (pièces pour l’aéronautique) à Pleslin-Trigavou, un PSE impactant 48 salariés sur 180 a été lancé. Les lettres de licenciements devraient partir à la période de Noël dans cette entreprise placée l’été dernier en redressement judiciaire. Le 28 novembre, à l’appel de FO, les salariés ont organisé un nouveau débrayage. Ils s’opposent notamment aux conditions de départs minimales concoctées par la direction de cette entreprise qui a bénéficié de centaines de milliers d’euros d’aides publiques. Chez Toupargel (distribution à domicile de produits surgelés) à Saint-Brieuc, dans le cadre d’un plan national de suppressions d’emplois annoncé au printemps dernier (près de 300 emplois sur 2300), le site des Côtes d’Armor est concerné pour une douzaine d’emplois.
Dans le secteur public et au-delà de la contestation des moult réformes qui impactent dramatiquement la Fonction publique dont l’Education (loi Blanquer…), les congressistes ont fustigé la suppression d’emplois dans les établissements scolaires (quelque 300 contrats aidés supprimés l’an dernier et autant cette année) ce qui compliquent pour le moins l’accueil d’élèves en situation de handicap lesquels sont qui plus est privés de structures d’accueil spécialisé (une seule sur le département, à Taden près de Dinan). Si l’action de FO a permis de « gagner des réemplois », le combat reste âpre.
« Une victoire après un long combat »
« Il faut résister pour que les enfants ne subissent pas cette inclusion » forcée. Le congrès dénonce ainsi « l’inclusion systématique des élèves en situation de handicap. La réalité crue apparaît au grand jour : il s’agit d’en finir avec l’enseignement spécialisé, pointé du doigt comme ségrégatif mais en réalité trop coûteux pour les adeptes des pactes budgétaires. Les élèves « à besoins spécifiques » se retrouvent dans des classes « ordinaires » surchargées avec, pour les plus chanceux, des AESH (Accompagnant d’Elèves en Situation de Handicap), terme pour désigner les nouveaux contractuels de l’EN pour la plupart à temps partiel, sous-payés et surexploités. » Les congressistes ont ainsi apporté leur soutien aux « syndicats, personnels et parents engagés dans le combat contre la fermeture du collège Beaufeuillage et de l’école Cesson-bourg à St Brieuc ».
Des hôpitaux « étouffés » par des restrictions budgétaires et leurs effectifs insuffisants, des services publics de la DGFIP (Finances publiques) sous le coup d’un vaste plan, national, de fermetures d’un millier de sites, des fermetures nombreuses de bureaux de poste (encore trois récemment)… La colère gronde chez les personnels insiste Eric le Courtois. L’action des militants a permis dernièrement « d’éviter la fermeture de la maternité et des Urgences de l’hôpital de Dinan. C’est une victoire après de longs mois de combat » indique le secrétaire général de l’UD rappelant que « sur les 23 établissements hospitaliers qui existaient encore il y a quelques années dans le département, il n’en reste que quinze. Si cela n’est pas une vraie violence… »
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly