La circulation risque d’être difficile, ce matin, sur le boulevard Mercader. A l’appel du syndicat Force ouvrière, les salariés des cinquante établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) du département sont invités à se rassembler sur cet axe, devant l’antenne de l’Agence régionale de santé, aux environs de 9 heures.
Les syndicalistes entendent dénoncer l’« asphyxie financière » qui menace les maisons de retraite.
- Manque de personnel
La loi Adaptation de la société au vieillissement, qui modifie entre autres le mode de financement des Ehpad, est au coeur de toutes les inquiétudes. « Cette réforme va encore réduire les moyens alloués aux Ehpad publics et associatifs, s’insurge la secrétaire départementale de FO Santé, Marie-Josée Bekhtari. Or, les effectifs sont déjà insuffisants. Dans les 14 Ehpad publics (sur 18) où nous sommes majoritaires dans le département, il manque 7,5 postes d’infirmiers, 37 aides soignants et 22 agents des services hospitaliers qualifiés. » Selon Marie-Josée Bekhtari, ce manque de personnel a des conséquences funestes : « Les aides-soignants sont parfois obligés de commencer à faire des toilettes dès six heures du matin et de ne pas y consacrer plus de huit minutes par résident.
Les repas, ils doivent les donner en cinq minutes. Par ailleurs, depuis qu’on a des couches qui tiennent douze heures, on peut trouver des personnes qui n’ont pas été changées de la journée. »
- « Maltraitance »
Elle-même aide-soignante en Ehpad, la secrétaire adjointe de FO Santé, Isabelle Auriach, confirme : « On ne veut plus travailler comme ça. On ne veut plus cautionner cette maltraitance institutionnelle. Si ça continue, on va redevenir des mouroirs ! » Selon FO, les résidents ne sont pas les seuls à pâtir de cette situation. Les salariés sont également en souffrance. « On a 10 % d’accidents du travail. On est au-dessus du BTP ! », déplore ainsi Marie-Josée Bekhtari.
Afin de garantir une prise en charge des résidents et des conditions de travail dignes dans les Ehpad, FO réclame l’abandon de la réforme de leur mode de financement et l’embauche de personnel supplémentaire dans toutes les maisons de retraite. Qu’elles soient publiques ou privées.
L’Indépendant – édition du 9 novembre 2017 – Arnaud Andreu