100 000 milliards de dette publique : le FMI s’alarme mais ne remet pas en cause l’austérité

Le Fonds monétaire international continue de prôner la baisse des dépenses publiques, tout en reconnaissant paradoxalement la nécessité d’investir dans l’innovation et la transition écologique.

L es États sont de plus en plus endettés, et cette tendance va très probablement s’accentuer dans les prochaines années : voilà le constat dressé par le Fonds monétaire international (FMI) dans son rapport de suivi des finances publiques. D’ici la fin de l’année 2024, la dette publique mondiale devrait atteindre le seuil symbolique de 100 000 milliards de dollars, ce qui représente 93 % du PIB mondial. Et cette hausse préoccupante n’est pas près de s’inverser. À la fin de la décennie, selon les projections du FMI, les États pourraient être endettés à hauteur de 100 % du PIB mondial. Plus d’un tiers de cette somme concerne la dette publique des États-Unis.

Face à cette situation, l’institution appelle les États à reconstituer leurs marges financières – comprendre, à faire toujours plus d’économies. Des ajustements budgétaires beaucoup plus importants que ceux actuellement prévus sont nécessaires, estime le rapport, alors que le financement des services publics et des droits sociaux est de plus en plus à la peine dans de nombreux pays. Bien qu’il reconnaisse paradoxalement la nécessité pour les États de financer notamment leur transition écologique, le FMI ne cache pas sa préconisation principale : une baisse importante des dépenses publiques dans le cadre d’une politique austéritaire.

Vers une plus forte taxation des super-riches ?

Une stratégie radicalement opposée à celle que prône FO : Si on augmente les salaires, tout le système se remet en marche de lui-même, affirme Branislav Rugani, secrétaire confédéral du secteur international de Force Ouvrière. La consommation repart, donc l’économie repart. Mais une consommation juste, où les gens peuvent acheter des produits plus vertueux, plus neutres en carbone. Un autre paradoxe présent dans le discours du FMI, qui reconnaît la nécessité d’investir massivement de l’argent public dans la lutte contre le réchauffement climatique. À l’approche du sommet du G20 en novembre, tous les yeux seront tournés vers cette réunion des grandes économies mondiales, actuellement présidée par le Brésil. Le groupe a réaffirmé sa volonté, non pas d’un impôt minimum mondial appliqué aux super-riches, mais d’une plus forte taxation de ces derniers, et de manière effective.

La pauvreté stagne durablement, alerte la Banque mondiale

La lutte contre la pauvreté dans le monde stagne de façon préoccupante. Dans son rapport annuel sur la pauvreté et la prospérité, la Banque mondiale s’alarme de voir stagner depuis plusieurs années la proportion de personnes sous le seuil de pauvreté, aujourd’hui équivalente à ce qu’elle était en 1990. Alors que la communauté internationale s’était fixé comme but de faire reculer l’extrême pauvreté à 3 % de la population mondiale d’ici 2030, cet objectif serait retardé d’au moins trente ans selon les prévisions de la Banque mondiale. L’institution a parallèlement annoncé sa décision de réduire les frais liés aux prêts qu’elle accorde aux États, afin de les rendre plus simples et moins chers à rembourser. Branislav Rugani rappelle l’engagement de FO contre la pauvreté dans le monde, dans le cadre de la Coalition mondiale pour la justice sociale : L’argent doit servir à nouveau à ce que le social prime.

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