Depuis l’arrivée d’une inflation forte, telle une lame de fond sur le pouvoir d’achat, la revendication de hausses salariales se fait d’autant plus vive. Alors que la croissance reste fragile, une augmentation massive des salaires, par la revalorisation des minima conventionnels, des grilles et par l’égalité salariale hommes/femmes, bénéficierait aux travailleurs et plus largement à l’ensemble de l’économie nationale. Ces revendications, entre autres, FO les avait réaffirmées lors de la conférence sociale d’octobre. Sept mois après, comment l’exécutif et le patronat y ont-ils répondu ? Focus sur la situation, tandis que le peu de robustesse de l’emploi reste source d’inquiétude.
Dans le contexte d’inflation toujours forte, le combat pour les salaires demeure fondamental. Selon le ministère du Travail (Dares), dans 79 % des entreprises ayant connu au moins une grève en 2022, les revendications portaient sur les rémunérations. « Ce motif reste le plus fréquent, mais surtout augmente de 25 points par rapport à 2020, où la part relative des revendications salariales était dans la moyenne des dix dernières années (48 %) », souligne l’étude, publiée mi-avril.
Sur le terrain, les mobilisations à l’appel de FO, dans le cadre ou non d’intersyndicales, se sont effectivement multipliées ces derniers mois. Ainsi, Quietalis France, entreprise spécialisée dans l’installation de cuisines professionnelles, a connu la première grève de son histoire le 10 avril. « Dix des vingt-six agences que compte l’entreprise se sont mobilisées, avec 70 % des salariés en grève », souligne Nicolas Hidalgo, délégué FO, le syndicat majoritaire.
Chez Biogroup, demande d’augmentations et d’un treizième mois
À l’issue des NAO qui se sont soldées par un échec, la direction a décidé unilatéralement de n’accorder que des augmentations individuelles. Les salariés revendiquent de véritables augmentations de salaire. Ils sont d’autant plus remontés que, selon FO, les cadres dirigeants ont augmenté leur propre salaire de 32 %. « La direction n’a fait aucun geste mais le combat n’est pas fini », assure le militant.
Chez le transporteur routier XPO, l’appel à la grève lancé le 6 mai dans la branche FTL est toujours en vigueur. Les revendications portent notamment sur des hausses des taux horaires, la création d’un treizième mois et un meilleur partage des richesses. Près de 80 % des sites étaient mobilisés le premier jour. Pour les NAO qui devraient reprendre prochainement, la direction a proposé une enveloppe globale correspondant, selon FO, à 300 euros brut par an et par salarié, soit 25 euros par mois. « Déplorable » pour le syndicat, qui appelle à poursuivre la mobilisation sous de nouvelles formes, en désorganisant les exploitations ou en menant de nouvelles actions plus fortes.
C’est aussi notamment pour une hausse significative des salaires et un treizième mois que les salariés des soixante-dix laboratoires de biologie médicale Biogroup de Lorraine sont massivement mobilisés depuis le 13 mai. Malgré une hausse des profits et des dividendes versés aux actionnaires, aucun accord n’a été trouvé en cinq ans dans le cadre des NAO, la direction proposant uniquement des augmentations individuelles. Les négociations avancent difficilement mais les salariés sont déterminés à ne rien lâcher.