La volonté du ministère du Travail de réformer sans concertation, en pleine crise sanitaire, le titre professionnel d’enseignant de la conduite et de la sécurité routière (ECSR) s’est heurtée au refus de FO. Au niveau de la branche, la commission paritaire nationale a délibéré dans le même sens.
En pleine crise sanitaire, le secteur de l’éducation routière a besoin d’être sécurisé économiquement et socialement, certainement pas d’être déstabilisé par la remise en cause du titre professionnel d’enseignant de la conduite et de la sécurité routière (ECSR). Les conditions d’une telle réforme ne sont pas réunies.
Secrétaire de la section FO représentant les moniteurs d’auto-école, Jean-Pierre Lemonnier ne décolère pas face à la volonté du ministère du Travail de réformer le titre professionnel, dont l’obtention conditionne l’entrée dans le métier d’enseignant de la conduite.
Reçue courant avril, la proposition
faite aux partenaires sociaux de la branche des services de l’automobile est sans ambiguïté. La DGEFP (Direction générale à l’emploi et à la formation professionnelle) sort du cadre de la révision du titre professionnel. Elle remet carrément en cause, et sans concertation, le socle de compétences nécessaires. Est-ce une priorité en période de confinement, alors que l’activité des auto-écoles est nulle et qu’elles n’ont pas de visibilité sur les conditions de reprise, de bouleverser ainsi les programmes des centres de formation et les circuits de financement ?
, interroge Jean-Pierre Lemonnier pour qui ni la méthode ni la période
ne sont recevables.
FO demande le maintien de l’architecture du titre ECSR
En conséquence, la section FO-ECSR a aussitôt demandé un report des travaux engagés
, et que le titre actuellement existant soit reconduit pour toute la durée qui s’avérera nécessaire pour permettre au secteur […] de se relever de toutes les conséquences néfastes directement liées au Covid-19
.
Première organisation à prendre position au niveau de la branche, FO a été suivie par tous les membres de la commission paritaire nationale (excepté la CGT). Dans leur délibération du 22 avril, les organisations syndicales et patronales réitèrent leur attachement au contenu du référentiel de formation du titre professionnel actuel. Il garantit une formation de qualité des futurs enseignants à la sécurité routière et à la conduite
, et répond aux besoins actuels de la profession
, expliquent-elles. La délibération a été envoyée aux deux ministères (du Travail et de l’Intérieur) qui partagent la tutelle du titre professionnel ECSR.
Créé en 2016, ce titre a été enregistré au répertoire des certifications professionnelles (RCP) jusqu’au 20 octobre 2020. Il ne peut y être réinscrit sans que le contenu de la formation n’ait été préalablement révisé. Actuellement, le candidat doit valider deux certificats de compétences professionnelles (CCP), qui sanctionnent les capacités pédagogiques et les connaissances nécessaires pour enseigner, ainsi que pour organiser des actions de sensibilisation à la sécurité routière (dans les stages pré-permis ou post-permis). Au total, la durée de la formation est de 910 heures (dont deux stages en entreprise de 140 heures chacun).
Une profession déjà fragilisée
Pour la section FO-ECSR, la priorité est la sécurisation économique et sociale de la filière, qui compte 11 300 entreprises (dont 44 % sans salarié) et 27 000 emplois. Avant la crise sanitaire, la profession était déjà dans une situation économique difficile, conséquence directe des réformes structurelles engagées depuis 2015. Elle se retrouve aujourd’hui à genoux
, commente Jean-Pierre Lemonnier. Il appelle l’exécutif à prendre des « mesures appropriées » pour permettre au secteur de redresser la tête.
Ce n’est qu’alors que les concertations pourront s’ouvrir
, précise le militant. FO est favorable à une révision du titre professionnel ECSR, mais uniquement pour améliorer le contenu de la formation. Il ne pourra s’agir de transformer ce contenu de A à Z
, prévient-il déjà.
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly