Assistante maternelle engagée pour la qualité de l’accueil des enfants, Inès d’Aboville revendique de connaître la règle du jeu de l’emploi pour pouvoir s’appuyer dessus et défendre ses droits. Ce qu’elle fait aux côtés de FO.
À l’orée de sa dernière reconversion, il y a bientôt quatorze ans, Inès d’Aboville a choisi le métier d’assistante maternelle par amour de l’humain, mais aussi pour l’indépendance et l’autonomie inhérentes à la garde d’enfants à son domicile. Je peux mener mes journées comme je le souhaite et selon les besoins des enfants, raconte l’ancienne cheffe de service éducatif pour personnes autistes, qui a quitté sa précédente profession car la paperasse l’éloignait trop du terrain à son goût.
Mais comme les quelque 250 000 assistantes maternelles que compte le pays, Inès d’Aboville a bien flairé le piège potentiel de cette indépendance : un isolement professionnel délétère, tant pour les conditions de travail que pour la défense des droits. Membre actif d’une association d’assistantes maternelles à Chaville (Hauts-de-Seine), elle contrecarre ce risque en organisant de nombreuses sorties communes en extérieur avec les enfants. Encore faut-il en avoir la possibilité : Je suis une actrice engagée pour la défense de l’enfant, pour qu’il soit reconnu, affirme-t-elle. Il a fallu réclamer pour qu’ils aient notamment accès, comme n’importe quel petit citoyen, à la bibliothèque municipale. Puisque les enfants remuent, on nous faisait comprendre qu’ils dérangeaient. L’assistante maternelle se fait alors la voix des enfants qui ne peuvent pas dire les choses.
Se syndiquer : une évidence
Étape importante pour rompre l’isolement, le déclic de la syndicalisation a eu lieu chez Inès au moment de la pandémie. Pendant la crise sanitaire, les assistantes maternelles ont été extrêmement sollicitées, et pourtant clairement oubliées et abandonnées des pouvoirs publics. On s’est retrouvées seules avec beaucoup d’interrogations. À la recherche d’un soutien, elle envoie alors des messages sur les réseaux sociaux à plusieurs syndicats. Seul FO m’a répondu, et a répondu aux problématiques de mes employeurs, c’est-à-dire les parents.
Rejoindre FO lui apparaît alors comme une évidence. Pour moi, se syndiquer, c’est d’abord faire le choix de ne pas être seule. Comme en écho au slogan de la FGTA-FO pour les élections des très petites entreprises (TPE), qui ont démarré le 25 novembre et se déroulent jusqu’au 9 décembre : « Jamais solo, votez FO ! ». Contrairement aux craintes assez répandues de représailles en cas de syndicalisation, Inès d’Aboville observe que son engagement – et le niveau d’information qui va désormais avec – est apprécié des familles qui l’emploient. Cela permet des relations saines et sécurisées, et donc un exercice professionnel serein.
Je vois ça un peu comme une règle du jeu : quand on la connaît, on peut vraiment s’appuyer dessus, faire valoir et respecter ses droits.
Même en exerçant seule, l’assistante maternelle de 54 ans a donc le sentiment de pouvoir défendre sa profession, à l’heure où certaines personnes aimeraient nous maintenir dans une position de néo-domesticité, ne supportant pas que nous ne soyons pas des assistantes maternelles soumises qui ne connaissent pas leurs droits. Grâce au combat collectif, elles auront par exemple accès, à partir de 2025, à la médecine du travail. Il est extrêmement important de voter à ces élections professionnelles, afin de donner aussi une visibilité à nos métiers du care [du soin aux personnes, NDLR], souvent si méconnus.