Par la mobilisation le 1er octobre de quelque 200 professionnels mais aussi d’usagers de l’hôpital de Barbezieux en Charente, la menace de fermeture la nuit du service des urgences, s’éloigne. L’action est à mettre au crédit de FO, seul syndicat représenté au sein de cet établissement.
Cette mobilisation, Corinne Couvidat, secrétaire départementale de la branche FO Santé de la fédération SPS-FO, en garde un souvenir fort. De toute ma carrière, je n’avais jamais vu une mobilisation aussi complète. Les gens sont venus malgré la pluie !. Le 1er octobre, sur le parvis de l’hôpital de Barbezieux en Charente, au côté de la déléguée FO, près de 200 personnes s’étaient rassemblées pour protester contre la fermeture nocturne des urgences. Dès le 5 septembre, FO avait tiré la sonnette d’alarme lors d’une réunion réunissant élus locaux et membres du personnel.
Alors qu’un décret publié le 29 décembre prévoit la suspension de l’activité des urgences la nuit pour les établissements affichant une fréquentation annuelle inférieure à 25 000 personnes, le centre hospitalier de Barbezieux était donc sous la menace d’une fermeture de ses urgences. Une situation « aberrante » pour Corinne Couvidat. Les effectifs en personnels aux urgences sont en adéquation avec l’activité. Si l’on veut accueillir plus de 25 000 personnes, il faut augmenter les effectifs. Au risque sinon de se heurter à un problème de sécurité. Les médias rapportent ainsi moult exemples montrant combien le manque de personnels peut s’avérer dangereux pour les patients, avec des délais de prise en charge si longs que cela conduit même parfois à des drames.
L’attachement des usagers à leurs services publics
Déterminés à s’opposer à cette fermeture de nuit des urgences de l’hôpital Charentais, les militants FO se sont organisés dans l’objectif de la mobilisation. Nous sommes allés tracter sur les marchés pour informer les usagers, raconte Corinne Couvidat. Et personne ne nous a envoyés paître ! Un signe évident de l’attachement des usagers à leurs services publics, hospitaliers entre autres. L’action menée par FO traduit aussi tout le dynamisme de la nouvelle équipe FO de l’hôpital souligne Corinne, infirmière de formation. Ce sont des militants jeunes, qui débordent d’énergie et qui maîtrisent les codes des réseaux sociaux. Ils sont tellement énergiques dans le travail syndical que FO est devenue la seule organisation représentée au centre hospitalier !
La mobilisation a bénéficié d’une importante médiatisation (presse écrite locale, TV locale), notent, satisfaits, Corinne Couvidat et Henri Lalouette, le secrétaire de l’UD-FO. Les militants s’en étonnent peu. En effet le sujet est très sensible, rappelle Henri Lalouette. Sur le parvis, nombreux étaient les usagers à venir témoigner sur le fait que les urgences leur avaient sauvé la vie.
Mobilisation massive des personnels, des médecins, des pompiers, des usagers…
Du côté des personnels des urgences, la présence était massive aussi ce 1er octobre. Entre autres celle des médecins, lesquels refusent d’être redéployés sur d’autres sites mais aussi de travailler en rythme de 12h, contre un service actuellement de 24h avec les urgences ouvertes la nuit. Cette fermeture de nuit risquait d’entraîner des démissions. Dans le cadre de la mobilisation, les pompiers se sont joints aussi au personnel hospitalier, expliquant eux aussi les conséquences dangereuses qu’aurait une fermeture nocturne, soit un allongement des délais pour la prise en charge des patients en milieu hospitalier.
Conséquence de cette mobilisation massive, la menace de la fermeture des urgences la nuit semble mise en recul. Le 14 octobre, l’Agence régionale de santé indiquait de son côté qu’aucune fermeture nocturne ne serait imposée. On nous a dit que l’on s’était inquiété pour rien, mais je n’en suis pas sûre., ironise Corinne Couvidat.
Solidaires dans la défense des services publics
Pour les militants FO de Barbezieux, cette mobilisation ne saurait se terminer ici. On a montré une vraie solidarité interprofessionnelle, mais aussi géographique. Beaucoup de collègues d’autres établissement de la région sont venus nous soutenir, indique la déléguée. Par ailleurs, des soignants du service gérontologie sont venus informer le syndicat de leurs difficultés. Déjà que l’on a perdu le service maternité l’année dernière, s’inquiète Corinne Couvidat ! Il nous faut nous battre pour les services. Et plus largement il nous faut nous battre pour l’accès au service public !.
Pour Henri Lalouette, il s’agit aussi d’encourager les bonnes initiatives syndicales. Et cette mobilisation pour les urgences en était une ! Les professionnels attendent de nous des actions concrètes et le travail que nous avons mené ensemble ce 1er octobre nous engage à tenir cette ligne.