Réalisée par l’institut Rexecode (proche des entreprises), répondant à la demande du Haut conseil pour le financement de la protection sociale, l’étude publiée en juin sur « Les freins à la progression salariale » est une enquête de terrain auprès d’entreprises et des syndicats patronaux. Rappelons que la France comptait 17,3 % de Smicards au 1er janvier 2023. Et que les allégements de cotisations sociales patronales (notamment la mesure générale d’exonération jusqu’à 1,6 Smic) sont pointés pour leur effet de trappe à bas salaires. Les réponses des entreprises, dont 53 % disent rencontrer des freins à une hausse des salaires, notamment ceux autour du Smic, sont d’une grande froideur. La revalorisation salariale nécessite une hausse de valeur ajoutée de l’entreprise disproportionnée par rapport au bénéfice qu’en retire le salarié, à partage de la valeur ajoutée inchangé, rapporte l’étude.
Quand les entreprises veulent le beurre et l’argent du beurre
Si 92 % des entreprises notent l’insatisfaction des salariés face à la hausse du coût de la vie et l’absence de rattrapage salarial, parmi celles disant se heurter à des freins à une hausse des salaires, la hausse du coût du travail du fait de la diminution des allégements généraux de cotisation [en cas d’augmentation salariale importante, NDLR] est donnée avec l’intensité la plus forte par 43 % d’entre elles. Autres motifs forts couplés à ce dernier : les contraintes financières et économiques (marges, trésorerie) et la difficulté (…) à répercuter le coût salarial supplémentaire dans les prix. Bilan, un peu plus d’un tiers des entreprises envisagent seulement une prime de partage de la valeur, moins d’un tiers pour celles qui font de la diminution des allégements une cause importante de ces freins. La revendication d’une vraie hausse des salaires a encore de beaux jours devant elle !