Eric Peres a été élu à la présidence tournante de deux ans de l’Ires, le 25 juin dernier. Il nous explique l’intérêt de ce centre pour notre Confédération.
Eric Peres est le Secrétaire général de FO Cadres depuis 2006 et membre du groupe FO au CESE. Il est par ailleurs administrateur et président de la Commission des études de l’Apec (Association pour l’emploi des cadres) et Vice-président de la Cnil (Commission nationale informatique et liberté).
À la fin des années 1970, une série de rapports publics se sont inquiétés du monopole administratif dans le domaine de l’expertise économique et sociale. Le rapport de René Lenoir et Baudouin Prot, commandé en 1979 par le président Giscard d’Estaing, a joué un rôle de déclencheur dans la recherche de la démocratisation de l’analyse économique et sociale en France. Ce rapport préconisait la création de plusieurs instituts de conjoncture, indépendants du gouvernement comme cela existait déjà en Allemagne.
C’est en 1982 que fut créé l’Ires, par l’ensemble des organisations syndicales représentatives françaises avec le concours du gouvernement. FO, la CGT, la CFTC, la CFE-CGC, la CFDT et l’Unsa-éducation, le gèrent en commun. Il est juridiquement constitué sous forme d’association. Son conseil d’administration est composé de neuf syndicalistes, neuf universitaires et quatre représentants du Premier ministre (1). Son bureau regroupe six syndicalistes, un par organisation représentative.
Eric Peres de préciser : Fondé sur l’autonomie, la rigueur scientifique, le pluralisme et l’ouverture internationale, l’Ires constitue un apport pluridisciplinaire (économie, sociologie, histoire, sciences politiques) original dans le domaine des relations professionnelles, des revenus et de la protection sociale, de l’emploi et du travail, souvent dans une optique comparative internationale. Il contribue ainsi à éclairer les organisations syndicales sur ces dimensions essentielles
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L’Institut a pour vocation d’apporter aux organisations syndicales des éléments d’appréciation et d’analyse sur l’ensemble des questions économiques et sociales. Avec un budget qui était de trois millions d’euros (subventions de l’État et conventions de recherches), il dispose d’un centre de documentation, d’un pôle administratif, de services généraux et d’une équipe d’une vingtaine de chercheurs permanents et associés pluridisciplinaires. L’Ires est membre de réseaux internationaux (2) et collabore avec d’autres centres de recherches français comme le Centre d’histoire sociale du XX° siècle (CHS-Malher) et est connu à l’extérieur grâce à ses riches publications : La Lettre de l’Ires, La Revue de l’Ires, Chronique internationale de l’Ires, ainsi que par son bilan annuel et ses rapports thématiques (3).
FO et l’Ires
Pourquoi notre Confédération est membre de cet institut et quels en sont les intérêts ?
Eric Peres : L’Ires est plus qu’un centre de recherche, c’est également une ̎ agence ̎ de soutien aux efforts de recherche de chaque confédération syndicale. Pour FO c’est un outil au service de la connaissance du monde du travail pour le monde du travail. Notre engagement au sein de l’institut traduit notre volonté de défendre la pluridisciplinarité, la rigueur scientifique des analyses et le partage de la connaissance issue du monde du travail avec le monde de la recherche en général. Cet engagement partagé par les autres organisations syndicales se veut au service de la pluralité des points de vue et de la démocratisation de l’analyse économique et sociale en France
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FO a donc bien un rôle important au sein de l’Ires. Pour Eric Peres : Aux côtés des travaux des chercheurs, les études conduites par les organisations syndicales participent d’une meilleure connaissance du monde du travail en privilégiant notamment l’approche prospective. FO est ainsi la première organisation syndicale à avoir engagé des travaux sur les travailleurs du ̎ clic ̎, les digital labor, sous la conduite du chercheur Antonion Casilli de Télécom Paris, ou sur les enjeux de l’intelligence artificielle dans la gestion des ressources humaines avec les équipes de FO-Cadres. Si ces travaux sont de nature à éclairer le débat public, ils sont également des ressources précieuses pour enrichir nos analyses syndicales et bâtir de solides revendications pour la défense des travailleurs
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Et à la question : quelles sont les orientations que tu entends défendre pendant ces deux années ? Eric Peres de nous répondre : Les travaux de l’Ires sont un capital immatériel qu’il convient de mieux valoriser pour accroître la notoriété de l’Institut. Lors de la dernière Assemblée générale, nous avons décidé de mettre l’accent sur l’analyse des suites de la pandémie de covid-19 en matière de système sanitaire, de transformations des métiers et du travail et enfin, de mesures économiques et sociales mises en œuvre. La recherche de synergies avec des organismes comme France Stratégie ou le COE, l’étude de partenariats avec des organismes paritaires comme l’Apec, le CESI ou la CTI, sont de futurs axes de travail. Enfin, il est impératif que l’État mette fin à la baisse drastique des moyens alloués à l’Institut dont le niveau a diminué de moitié en moins de six ans. Cela est indispensable pour que se maintiennent et se déploient les capacités d’analyse de l’ensemble des organisations syndicales
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Le site de l’Ires : http://www.ires.fr/
(1) Un du CAS (Centre d’analyse stratégique), un de l’Insee, un de la DARES (le centre d’études du ministère du travail), un de la Drees (idem pour le ministère de la santé).
(2) Trade union related research institutes, Institut syndical européen (ISE-ETUI), Sharers and workers.
(3) En 2016 sur les comités d’entreprises, en 2018 sur les jeunes et le mouvement syndical et cette année sur les négociations collectives transnationales.
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly