Les salariés de l’abattoir de Limoges ont levé la grève mardi 25 juin, après 3 jours d’une mobilisation lancée par FO. Ils ont notamment obtenu des garanties sur l’équilibre financier de la structure et l’ouverture de négociations sur les heures supplémentaires non payées en 2023.
Il aura fallu 72 heures pour se faire entendre. Les salariés de l’abattoir de Limoges Métropole ont tenu une grève pendant trois jours pour obtenir gain de cause sur leurs revendications. Ils demandaient entre autres que l’entreprise impose aux clients les augmentations de taxes qui ont été décidées et votées pour 2024.
Tout a commencé le 20 juin, alors que s’ouvrait la 3e réunion des négociations annuelles obligatoires. Avant même le début des discussions, la direction nous a dit que l’on n’aurait rien puisque l’établissement perdait près de 5 000 euros par mois, raconte Julien Mérigot, délégué FO. Ils nous ont répondu que les clients refusaient de payer l’augmentation de 12 centimes de la taxe au kilo. Nous n’avons pas compris : les clients refusaient de payer quelque chose qui avait été légalement voté, et c’était aux salariés que l’on demandait de faire des efforts ! Cerise sur le gâteau, la direction évoque alors de possibles licenciements si cette situation continue. Situation qui met à mal bien sûr les résultats de la structure, EPIC sous tutelle de la collectivité territoriale Limoges Métropole.
98 % de grévistes durant la mobilisation
Pour les élus FO, seul syndicat représenté au CSE, tout va alors très vite. Nous avons mis en garde la direction contre une mobilisation dès 10h30, souligne le militant. Dès 11h, la décision est prise d’informer les salariés et de leur demander ce qu’ils voulaient faire. Tous ont choisi de faire la grève. Mais, par conscience professionnelle et parce qu’il y avait déjà des bêtes sur la chaîne, nous avons attendu le lendemain.
Dès le vendredi 21 juin au matin, la grève débute. Et elle est massive. Une seule personne de la chaîne n’est pas sortie, tout comme les quelques personnes dans les bureaux et proches de la direction. Sur les trois jours de mobilisation, le taux de gréviste était de 98 % parmi les 75 salariés de l’entreprise, précise Julien Mérigot. Les salariés ont pu aussi compter sur l’UD-FO qui les a accompagnés et aidés, notamment pour le matériel. Chaque jour, la secrétaire départementale est venue nous voir sur le piquet de grève. Idem pour les collègues de la FGTA-FO qui m’ont appelé plusieurs fois. On a été extrêmement soutenus !.
L’aboutissement des revendications
Et cela a payé puisque les grévistes ont obtenu ce qu’ils demandaient, au bout de trois réunions. Lors du premier jour de grève, vendredi, la direction nous a reçu en nous accablant. Ils nous ont expliqué que c’étaient nous qui mettions en péril l’abattoir. Mais on a tenu, raconte le délégué. Lundi, on a été reçus par la direction et le président du conseil d’administration (CA), et nous les avons mis face à leurs responsabilités. Après tout, les difficultés de l’entreprise viennent du fait qu’ils plient devant les clients. En faisant respecter ces taxes, cela permettrait de pérenniser l’activité de l’entreprise.
Les élus mettent leurs revendications sur la table. Le paiement des taxes prévues, mais aussi la prise en compte des jours de grève sur les heures supplémentaires non payées de 2023.
Finalement, le mardi 25 juin, alors qu’un CA était initialement prévu, l’ordre du jour est bouleversé. Les élus sont reçus en présence du président de Limoges Métropole. On nous a dit que c’était d’accord pour obliger les clients à payer les taxes, et que si ceux-ci refusaient, cela partirait en recouvrement. Sur la question des jours de grèves, on nous a d’abord dit qu’il faudrait voir dans les 15 prochains jours ! Nous avons répondu que sans ça, nous ne reprendrons pas le travail et, après une courte interruption de séance…, ils ont accédé à cette revendication aussi.
Le président de Limoges Métropole s’est également engagé à ce que la collectivité investisse pour des travaux urgents aux yeux du syndicat, notamment sur les systèmes de réfrigération de l’abattoir. Par ailleurs des discussions sur le temps de travail sont annoncées, car la collectivité territoriale souhaite son annualisation. Un sujet épineux sur lequel les discussions s’annoncent animées. Le sujet a déjà été plusieurs fois abordé, puis abandonné souligne Julien Mérigot.
Un rapport de force établi
Le militant sourit lorsqu’il repense à ces trois jours très intenses. Et on est sorti vainqueur de ce bras de fer. Et très rapidement !. Ce rapport de force victorieux sera fort utile lors des négociations à venir sur l’annualisation du temps de travail. D’ores et déjà, la direction est prévenue : il est hors de question de rogner sur les droits des salariés. C’est aussi pour ça que, à chaque fois que le chantier a été ouvert, cela n’a rien donné, relate Julien Mérigot. La direction et la métropole devront se rappeler que l’on a pu mettre l’abattoir à l’arrêt quasiment du jour au lendemain.