La colère monte chez Editis, deuxième groupe français d’édition. Le syndicat FO, qui dénonce la faiblesse des rémunérations, a appris qu’une quinzaine de hauts cadres s’étaient partagé une prime de cession de 1,7 million d’euros lors du rachat de l’entreprise en novembre dernier. Une mobilisation est annoncée à la rentrée.
Passé de la sixième à la deuxième place à l’issue des élections professionnelles qui se sont déroulées en mars dernier chez Editis, le deuxième groupe français d’édition (Robert Laffont, Bordas, Nathan…), le syndicat FO est plus que jamais déterminé à se battre pour défendre les droits des salariés. Après avoir lancé en décembre un mouvement social inédit pour une meilleure revalorisation des salaires, il repart au combat sur la prime d’intéressement.
Dans un communiqué adressé aux salariés, le syndicat estime que le récent accord proposé par la direction offre des perspectives d’intéressement dérisoires qui ne reflètent pas notre dévouement et notre engagement dans notre travail. Il ajoute que l’objectif fixé par la direction pour obtenir l’intéressement semble irréalisable et constitue un leurre pour éviter de nous verser une rémunération juste et méritée. De fait, cela fait plusieurs années que les salariés n’ont pas perçu d’intéressement, selon Isabelle Ménil, déléguée centrale FO. Quant à la participation aux bénéfices, elle était cette année bien plus faible que les années précédentes, en raison de mauvais résultats. Selon le magazine Challenges, le chiffre d’affaires du groupe Editis aurait chuté de 20 à 30 % en 2023.
Répartition injuste des richesses
Or la militante a appris, à la lecture d’un rapport d’expertise, qu’une quinzaine de hauts cadres s’étaient partagé 1,7 million d’euros de prime de cession à l’occasion du récent rachat de l’entreprise par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky à Vincent Bolloré. J’avais demandé en comité de groupe si une prime de cession serait versée à l’occasion de ce rachat et Denis Olivennes (NDLR : actuel président d’Editis) m’avait assuré que non. Et 1,7 million d’euros apparaissent dans les comptes, dénonce Isabelle Ménil. Côté salariés, l’enveloppe globale dédiée au versement d’une prime de partage de la valeur s’élevait à 1,3 million d’euros.
FO y voit un mépris de la direction envers celles et ceux grâce à qui l’entreprise fonctionne jour après jour. Isabelle Ménil, qui a demandé le versement d’une prime de partage de la valeur pour compenser la faiblesse de l’intéressement et de la participation, attend toujours une réponse. Nous ne pouvons accepter une répartition si injuste des richesses, prévient FO, qui appelle à une nouvelle mobilisation à la rentrée.
Pas d’actualisation de la BDESE
Par ailleurs, à l’occasion d’une procédure de consultation du CSE Central sur la stratégie de l’entreprise ouverte en avril dernier, FO a découvert que la BDESE (Base de données économiques, sociales et environnementales) d’Interforum, la filiale dédiée à la distribution et à la diffusion des livres, n’avait pas été actualisée depuis une dizaine d’années. Le cabinet d’expertise mandaté par le CSE a demandé à plusieurs reprises à la direction la communication des informations prospectives indispensables à la compréhension des orientations stratégiques, en vain. La Direction a expliqué ne pas en être en possession, alors qu’elles doivent figurer dans la BDESE, a déclaré FO en CSE central le 28 juin dernier.
Sans ces éléments, le CSE central est dans l’impossibilité de rendre un avis. Les élus ne peuvent pas imaginer sortir de cette consultation en étant dans l’impossibilité d’expliquer aux salariés les incidences de la stratégie sur leur avenir professionnel, a poursuivi FO dans sa déclaration. La direction ayant refusé tout arrangement, et notamment un allongement de la durée de la consultation, le CSE a assigné la société en justice. L’audience est prévue le 24 septembre.