Chez Roquefort Société dans l’Aveyron, la représentante syndicale de section, Céline Quinto-Fourgeaud, prépare les élections CSE. Amplifier l’audience de l’organisation au sein de cette marque du groupe Lactalis est d’autant plus un enjeu que FO, avec la FGTA, œuvre à défendre la convention collective de l’industrie de Roquefort, actuellement menacée.
« Je suis rentrée chez Lactalis à dix-huit ans, après mon BEP de secrétariat et comptabilité », raconte Céline Quinto-Fourgeaud, 39 ans, aujourd’hui mère de deux enfants et travaillant toujours dans le groupe géant Lactalis. Cette native de Millau a lié depuis vingt et un ans sa vie professionnelle à la fromagerie et notamment au fleuron de l’Aveyron : le fromage de brebis, roquefort, premier en France en 1925 à recevoir une appellation d’origine. Céline travaille d’abord chez Lou Pérac à Saint-Georges de Luzençon. Mais fin 2014, l’usine, qui compte une centaine de salariés, est dévastée par des inondations. Arrive un plan social. La jeune femme se syndique, « mais il n’y avait pas FO chez Lou Pérac… ». Reclassée comme la majeure partie du personnel chez Roquefort Société (950 salariés sur plusieurs sites) à Roquefort-sur-Soulzon, elle est affectée au service des expéditions jusqu’en 2021. Mise à disposition du CSE, elle devient alors gestionnaire des activités sociales et culturelles du CSE central de la société (qui regroupe quatre CSE d’établissements). L’année suivante elle rompt avec son syndicat, mais, sourit-elle, « l’engagement, le combat contre les injustices, c’est ancré en moi ». En 2023 elle se rapproche de FO, « organisation qui est la plus près de mes idées ». La voilà œuvrant à développer la petite section sur le site.
Préserver les dispositions de la convention collective
« Ces trois derniers mois, on a déjà gagné une quinzaine d’adhérents », se réjouit la désormais représentante syndicale de section (RSS) FO, tout à la préparation des élections CSE de septembre. « Une liste est déjà constituée. Et le fait que FO soit majoritaire, voire unique syndicat, chez les autres industriels du Roquefort nous porte », cela démontre que la parole de FO est entendue. Se renforcer chez Roquefort Société et ainsi peser plus encore dans ce secteur d’activité est d’autant plus important pour FO que la convention collective de l’industrie de Roquefort (IDCC 2891) ‒ dont relèvent les salariés des sept entreprises de Roquefort ‒ est menacée. Elle serait absorbée dans une nouvelle convention « de la transformation laitière », applicable en 2030 et créée par la fusion de la convention de l’industrie laitière avec celle de la coopérative laitière. FO, via la FGTA et le secrétaire fédéral Alain Wanègue, s’est d’ores et déjà saisie du problème et s’est adressée notamment à la Direction générale du travail (DGT). Car « notre convention Roquefort est supérieure aux deux autres ! », résume la militante, rappelant au passage qu’au sein de Roquefort Société, les salaires « sont à peine au-dessus du Smic ». Le caractère protecteur de la convention prend donc tout son sens. « Elle prévoit un treizième mois, une prime mensuelle d’ancienneté, des primes dont la participation, ce qui peut égaler un quatorzième mois. Elle prévoit entre autres aussi une prime vacances, ce qui sur l’année équivaut à un mois de salaire. Les dispositions sur les médailles du travail sont quant à elles très intéressantes », liste Céline. « La disparition de ces dispositions est impensable, cela signifierait la perte de plusieurs centaines d’euros par mois pour les salariés », explique la militante. Pour préserver les apports de la convention actuelle, FO s’active. « Nous travaillons avec la FGTA à la possibilité d’obtenir la création d’annexes à la future convention. »