Si elle peut contribuer à protéger l’environnement, la mutation industrielle du secteur de la construction automobile, pour davantage d’écologie, menace des centaines de milliers d’emplois s’inquiète FO Métaux. La fédération demande à l’État des mesures d’accompagnement pour une filière qui compte plus de deux millions de salariés en France.
Comment se porte la filière automobile française ? Elle est en danger. Pour FO Métaux si le gouvernement persiste et s’entête, il va conduire le secteur automobile dans une impasse
. Et cette attitude risquerait de se traduire « par la destruction de milliers d’emplois dans les prochains mois » s’insurge la fédération pour qui « le respect de l’environnement doit se faire » certes mais « avec l’industrie et non contre l’industrie ».
FO Métaux qui doit rencontrer le 15 octobre la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Economie et des Finances, Agnès Pannier-Runacher, ainsi que des membres du cabinet du ministre de l’Economie, souligne sa crainte d’une casse sociale sans précédent
dans la filière automobile.
Quelque 70 000 emplois risquent de disparaître en France d’ici 2025-2030, et 340 000 d’ici 2040, cela notamment par la fin annoncée de l’utilisation des énergies fossiles. Déjà, des dizaines de milliers de suppressions ont été annoncées ces derniers mois par les grands constructeurs mondiaux.
Ces derniers s’orientent vers un repositionnement technologique privilégiant la construction de véhicules utilisant des types d’énergies – a priori – moins polluants que les moteurs thermiques. Cette transition est d’autant plus engagée que les politiques publiques – ainsi en est-il de la France – mettent en œuvre des décisions virant à la « chasse » aux moteurs thermiques indique FO.
FO demande un « accompagnement »
Ce thermique-bashing se traduit notamment par l’établissement de critères de plus en plus drastiques pour classer les véhicules (diesel, essence, électrique) selon leur propreté. Parallèlement, des mesures fiscales incitatives sont censées amener les consommateurs à acheter des véhicules dits « propres ».
Or si cette politique vise à protéger l’environnement, elle présente des dangers pour l’emploi dans le secteur automobile (2,3 millions de salariés) et notamment dans de petites sociétés, déjà fragiles. Concrètement le temps de la décision politique d’incitation est plus court que celui qui est nécessaire à l’industrie pour opérer des mutations technologiques sans que pour autant l’emploi en pâtisse. A cela s’ajoute les distorsions de concurrence qui résultent de l’absence d’harmonisation des règles entre les pays
regrette FO.
Ainsi, par un nouvel abaissement drastique des taux d’émission de CO2 autorisés, quelque 9% d’emplois directs et indirects du secteur seraient menacés en France indique FO qui demande pour le secteur automobile un « accompagnement » à cette transition industrielle pour davantage d’écologie.
FO Métaux évoque par exemple la possibilité de mettre en œuvre des incitations plus importantes pour l’achat de véhicules propres. Le secteur automobile de la fédération qui demande par ailleurs à être associé aux travaux d’étude concernant l’obtention de la vignette Crit’Air 1 (pour les nouveaux diesel) souhaite que les pouvoirs publics interviennent afin que certaines productions ne partent pas du territoire national et souvent pour des pays à faible coût de main d’œuvre.
40% d’effectif en moins pour fabriquer un véhicule électrique
Laurent Smolnik, secrétaire fédéral FO Métaux en charge de l’industrie automobile déplore ainsi que la construction des nouveaux modèles de la Peugeot 208 soit réalisée au Maroc, celle de la 2008 en Espagne, celle de la Renault Clio en Turquie et d’autres parties de la production de Renault devraient aller à la Slovénie…
Or, explique le militant, il faut que les choix stratégiques de l’État
soient affirmés.
Cela passe notamment par un accompagnement des territoires à cette mutation, par exemple par la réalisation d’une cartographie précise des emplois
. Accompagner signifie aussi qu’il faut anticiper, gérer le besoin en emplois, aider à la reconversion, à la formation des salariés car certains verront leurs métiers disparaître
indique Laurent Smolnik.
Une étude de l’Observatoire de la métallurgie (structure paritaire) publiée en novembre dernier confirmait que cette mutation technologique n’est pas sans conséquence sur l’emploi de la filière automobile (constructeurs, équipementiers, services…). Rien que les sites dédiés à la fabrication de moteurs seront très impactés soulignait l’Observatoire : 336 établissements évalués sur 451 identifiés comme susceptibles d’être concernés par les mutations stratégiques, représentant près de 38 000 emplois sur les 50 000 de la filière motoriste
.
FO Métaux rappelle de son côté qu’il faut 40% d’effectif en moins pour fabriquer un véhicule électrique. Laurent Smolnik détaille les changements. Il ne faut qu’un emploi pour fabriquer un moteur électrique contre sept pour un moteur thermique
. Et plus largement il faut trois emplois pour fabriquer le véhicule électrique complet, contre cinq pour le véhicule thermique
.
Or pour l’instant, les orientations des politiques publiques sont éloignées de la réalité (…). Elles menacent dès à présent les territoires déjà meurtris par la désindustrialisation
s’inquiète FO Métaux qui tire la sonnette d’alarme
.
Source: Éditoriaux de jean-claude Mailly